facile que de la résoudre. Il suffit pour cela de se rappeler que, de même qu’il existe plusieurs espèces d’hallucinations, il existe aussi plusieurs espèces de perceptions, et que pour que la comparaison entre l’acte normal et l’acte pathologique puisse aboutir à un résultat, il faut rapprocher l’hallucination hypnotique du genre de perception qui en est l’homologue dans la vie normale.
Le trait le plus frappant de l’hallucination hypnotique, c’est d’être provoquée par une suggestion verbale ; le sujet endormi voit apparaître l’objet fictif par cela seul que l’expérimentateur lui en affirme l’existence ; une fois l’hallucination formée, l’expérimentateur conserve encore le pouvoir de la modeler à son gré, en usant du même moyen. Il n’y a pas, dans toute la pathologie mentale, d’autre exemple d’une hallucination qu’on soit maître à ce point de faire et de défaire avec un simple mot. Mais si on étudie les phénomènes de la perception normale, on y découvre un groupe bien défini de perceptions qui ressemblent d’une manière frappante aux hallucinations provoquées expérimentalement par la parole : ce sont les illusions de l’attente.
M. James Sully a étudié avec soin ces illusions actives par excellence, qui naissent du jeu indépendant et spontané de l’imagination.
« L’attente, dit-il, peut naître, soit de certains faits objectifs et présents qui servent de signe à l’événement attendu, soit d’une suggestion verbale, soit de l’imagination interne et spontanée… Les exemples d’illusions ainsi produites se présenteront d’eux-mèmes à l’esprit du lecteur. Si j’ai par hasard entendu dire que tel individu a été prêtre ou soldat, j’ai une tendance à découvrir en lui les marques de la profession, et je m’aperçois parfois que cette reconnaissance est purement illusoire. De même vous attendez un ami qui doit arriver par tel ou tel train. Un voyageur descend du train qui ressemble vaguement à votre ami : vous tombez dans l’erreur d’une identification fausse… De même pour les illusions produites chez les Spectateurs dans les séances de spiritisme. L’intensité de l’attente dirigée sur un certain genre d’objets détourne l’attention de ce qui s’accomplit en réalité, et la moindre impression répondant aux signes de l’objet anticipé est immédiatement accaparée par l’esprit et travaillée jusqu’à devenir une perception illusoire. Il faut remarquer que, même lorsque l’impression ne peut être amenée à cadrer exactement avec l’attente, la force de cette dernière amène souvent une confusion bizarre dans les perceptions. Si par exemple vous entrez par une nuit noire dans une chambre qui vous est familière, pour y chercher quelque chose, et que vous oubliez un moment par quelle porte vous êtes entré, l’attente bien définie où vous êtes
