Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 17.djvu/488

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
484
revue philosophique

une de ses faces un portrait imaginaire. On peut faire avec ce portrait une série d’expériences qui ne sont que le développement de l’expérience de la lorgnette, car elles reviennent toutes, en dernière analyse, à une application des lois de la réfraction.

On approche du portrait une loupe, la malade déclare que le portrait est agrandi.

On incline la loupe, le portrait se déforme.

On place le papier à une distance égale à deux fois la distance focale de la lentille, le portrait est vu renversé. Cette dernière expérience échoue quelquefois ; nous essayerons plus tard d’en découvrir la raison.

On fait glisser sur le papier un prisme dont les trois faces sont égales et on prie la malade de regarder le portrait à travers le prisme, de haut en bas : elle voit deux têtes au lieu d’une et ces deux têtes lui paraissent agrandies dans le sens de la longueur ou dans le sens de la largeur, suivant l’orientation du prisme. Or il est à remarquer que la surface de papier sur laquelle le prisme est placé est, parfaitement blanche et uniforme, de sorte qu’une personne ignorant les propriétés du prisme ne pourrait pas s’apercevoir que ce bloc de verre dédouble l’image du morceau de papier sous-jacent, Enfin, si on appuie sur le papier une des arêtes du prisme, la malade ne voit qu’un seul portrait qui lui apparaît comme plié en deux. Toutes ces apparences sont conformes à la réalité ; s’il y avait réellement un portrait sur la feuille de papier, la malade le verrait subir cette série de modifications. Enfin un cristal bi-réfringent donne, dans les mêmes conditions, deux images.

Il reste une dernière expérience à tenter dans cet ordre d’idées ; c’est celle du microscope. On place sur le porte-objet une préparation imaginaire ; il suffit pour cela de montrer au sujet là plaque de verre en lui assurant qu’on y a déposé un corps quelconque ; puis, on lui fait examiner la préparation au microscope. Verra-t-il l’image hallucinatoire grossie ? Et ce, grossissement : d’une nature toute particulière sera-t-il assez fort pour révéler au sujet des détails de structure invisibles à l’œil nu ? Si par exemple on lui a suggéré la présence d’une goutte de sang sur le porte-objet, verra-t-il les globules ? Dans un fragment d’épiderme végétal, verrat-il les stomates ?

Nous ne pouvons parler qu’avec une extrême réserve des recherches que nous avons faites sur ce point, car elles n’ont été qu’ébauchées : des circonstances indépendantes de notre volonté nous ont empêché de les continuer régulièrement. Nous avons simplement constaté qu’avec le microscope on obtient un grossissement de