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nous étudierons plus loin ce sujet). Les hallucinations de ce premier groupe se reconnaissent aux caractères suivants :

Elles restent à poste fixe dans un point de l’espace, elles sont dédoublées par la pression oculaire, déviées par le prisme, supprimées par l’occlusion des yeux et l’interposition d’un écran, elles sont généralement bilatérales et ne suivent pas les mouvements du regard.

La réunion de tous ces caractères permet de dire que l’objet imaginaire qui figure dans ces hallucinations est perçu dans les mêmes conditions qu’un objet réel ; wais cette règle n’est vraie que pour ce genre particulier d’hallucinations.

Lorsqu’on a constaté cliniquement qu’une hallucination possède un des caractères précités, on peut se proposer de déterminer si les autres sont également présents. Il y a là une voie pour des recherches nouvelles. Nous montrerons tout à l’heure suivant quelle méthode ces recherches doivent être poursuivies, et nous enregistrerons le résultat qu’elles nous ont donné.

2o Les hallucinations produites par une sensation subjective ont pour caractères positifs de se déplacer avec le regard, et, quand la sensation subjective n’affecte qu’un seul œil, d’être unilatérales. Mais les caractères négatifs de ce genre d’hallucination sont beaucoup plus nombreux ; on y constate l’absence de la plupart des caractères qui appartiennent à l’hallucination objective : absence de dédoublement par la pression, de déviation par le prisme, etc. Il faut faire une réserve pour l’occlusion des yeux, qui supprime certaines sensations subjectives de l’œil et doit conséquemment supprimer certaines hallucinations subjectives.

La constitution de ce second groupe d’hallucinations ouvre encore une voie nouvelle aux recherches. On peut se proposer de déterminer si une hallucination qui offre tels caractères de la subjectivité possède également les autres.

3o Les hallucinations d’origine centrale, dont l’existence est encore en question et qui se reconnaîtraient au signe suivant : absence complète de tous les caractères positifs énumérés au sujet des deux autres genres d’hallucinations.

L’avantage de cette classification, c’est de fournir un moyen de savoir si le parallèle établi entre la perception et l’hallucination est vérifié où démenti par les faits. Si l’observation montre qu’une hallucination de cause subjective possède les caractères propres à la subjectivité, et manque des caractères assignés à l’objectivité, et qu’une hallucination de cause objective possède les caractères inverses de la précédente, notre thèse sera confirmée. Si, au con-