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L’HALLUCINATION[1]

(Suite et fin).

II. RECHERCHES EXPÉRIMENTALES

I

Si on étudie l’hallucination en elle-même, tout reste obscur ; on se trouve aux prises avec une foule de phénomènes singuliers et bizarres dont le lien échappe à l’esprit le plus subtil. Au contraire, si, recourant à la psychologie, on compare l’hallucination à l’acte normal de la perception externe, ces phénomènes singuliers, soumis à une interprétation rationnelle, s’éclairent, deviennent instructifs et apparaissent comme soumis à certaines lois nécessaires, qui constituent le fond de nos facultés sensorielles.

Nous sommes donc arrivés, au terme de nos recherches, à accepter la formule suivante : l’hallucination est la forme pathologique de la perception sensorielle.

Mais ce n’est encore là qu’une hypothèse ; pour que l’hypothèse s’élève au rang d’une théorie, il ne suffit pas qu’elle s’adapte à tous les faits connus ; il faut encore qu’elle prévoie les faits nouveaux.

Or, il nous sera facile de réunir nos conclusions sous une forme qui permette de les soumettre à l’épreuve de l’expérience : voici comment.

Nous avons noté, chemin faisant, que certaines hallucinations de la vue supposent nécessairement des sensations subjectives : par exemple les apparitions qui se déplacent avec le regard ; tandis que d’autres proviennent presque à coup sûr de sensations objectives ; par exemple les hallucinations qu’on dédouble en pressant latéralement sur l’œil. On peut donc, à ce point de vue de l’origine, classer les hallucinations visuelles en trois groupes :

1o Les hallucinations produites par une cause objective, par un objet extérieur (comme dans les illusions dites pathologiques) ou par un simple point (comme dans les hallucinations hypnotiques ;

  1. Voir le numéro précédent.