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ANALYSES.ch. huit. Les voyages de Platon.

ce travail remarquablement distingué, qui permettra aux historiens du xviiie siècle de le consulter plus aisément encore que sous sa forme actuelle.

Maurice Vernes.

Charles Huit.Les voyages de Platon et les rapports philosophiques entre la grège et l’orient, étude publiée dans le Compte rendu des séances et travaux de l’Académie des sciences morales et politiques, 1883, pages 240-266 et 520-558.

M. Huit, qui depuis quelques années s’est consacré à l’étude de Platon et de la philosophie platonicienne, a lu récemment, à l’Académie des sciences morales et politiques, un travail destiné à former un chapitre de la vie du grand Athénien. Que ce soit pour nous une occasion de souhaiter par avance la bienvenue au livre qui nous est ainsi annoncé, et d’espérer qu’il prouvera amplement qu’en France nous n’avons point abandonné entièrement à nos voisins d’au delà du-Rhin et d’au delà des Alpes un domaine qu’ils semblent aujourd’hui s’être approprié !

Qu’il nous soit aussi permis d’adresser à l’auteur quelques légères critiques, s’il est encore temps pour lui de les mettre à profit dans l’œuvre qu’il médite. Avant tout, je dois dire que, pour nous donner un avant-goût de son livre, j’aurais désiré qu’il en choisit un autre chapitre, non que le sujet ne présente un intérêt sérieux, mais il est quelque peu épuisé, et surtout pour un auteur qui, comme M. Huit, évite toute apparence de paradoxe, et qui, d’autre part, se plaît à opposer les opinions de ses devanciers et à choisir entre elles un juste milieu, plutôt qu’à affirmer résolument et avec précision ses propres convictions en les appuyant de preuves décisives, il était difficile, sur la question traitée, d’être réellement neuf et de s’imposer par là même à l’attention du public philosophique.

Dans les voyages de Platon, dans ses rapports avec d’autres maîtres que Socrate, il y a des questions d’un extrême intérêt, sur lesquelles la lumière est loin d’être faite, comme sur ses rapports avec l’Orient et avec l’Égypte. Est-ce bien dans un voyage en Italie qu’il a connu les disciples de Pythagore ? quel degré d’influence ont-ils exercé sur lui ? cette influence s’est-elle accentuée dans sa vieillesse, comme on l’a prétendu ? Voilà des problèmes qui réclament des études approfondies et sur lesquels il eût été plus facile d’apprécier réellement la valeur de M. Huit.

En dehors du voyage en Égypte, la présente étude ne traite guère que du séjour à Mégare, pour réduire à ses justes proportions l’influence d’Euclide sur Platon. Des développements étendus sont au contraire donnés en thèse générale sur la question des rapports philosophiques de la Grèce et de l’Orient ; M. Huit passe en revue la Chine, l’Inde, la Perse, l’Égypte, la Judée, et expose les motifs que l’on a pour affirmer l’auto-