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ANALYSES.h. maudsley. Body and will.

ingénuité futile que de chercher à penser quelque chose en dehors de la conscience humaine ; et quelle insigne absurdité d’appliquer des termes de l’expérience humaine à ce qui n’y est pas contenu ! » (p. 45). Il n’y a ni matière en elle-même ni esprit en lui-même ; chaque terme sert à déterminer l’autre, et l’auteur les pose l’un en face de l’autre non comme deux entités distinctes, mais comme deux aspects d’une même réalité. Et plus loin, en se plaçant au point de vue particulier de la psycho-physiologie : « L’unité physiologique de la structure mentale est le réflexe, c’est là un résultat atteint objectivement et qui s’accorde avec ce que la conscience nous apprend sur les faits simples et irréductibles de la psychologie : à savoir la sensation et le sens de la réaction, en d’autres termes le sens de l’effort ou de la résistance. Mais ces sentiments irréductibles sont les expressions conscientes de faits inconscients plus profonds, c’est-à-dire d’une susceptibilité définie aux impressions et d’une réaction définie, propriété commune à toute matière organique. C’est l’addition ou accompagnement de la conscience qui en fait la sensation et l’effort » (p. 48). « Il faut substituer à la notion métaphysique d’une unité mentale la conception physiologique d’une unité de centres nerveux, chacun en relation intime avec les divers organes et les fonctions spécialisées du corps. » Telle est la conclusion d’une longue discussion que nous n’avons pu que résumer.

Un chapitre entier est consacré à « la base physique de l’identité consciente ». Il vaudrait la peine d’être exposé en détail ; nous en traduisons un passage qui résume l’essentiel : « S’il plaît à quelqu’un de m’assurer qu’aucune particule de mon corps n’est ce qu’elle était il y a trente ans et que par suite, sa forme ayant entièrement changé depuis, il est absurde de parler de son identité, et qu’il est absolument nécessaire de le supposer habité par une entité immatérielle qui maintient cette identité personnelle au milieu des changements incessants et des hasards de structure, je répondrai : que d’autres personnes qui m’ont connu depuis mon enfance et qui ne peuvent avoir la certitude consciente d’identité que j’ai moi-même en sont néanmoins aussi convaincues que je le suis moi-même et en seraient aussi sûres, même, si me supposant le plus grand menteur du monde, elles ne croyaient pas un mot de mon témoignage subjectif ; qu’elles sont également convaincues de l’identité personnelle de leurs chiens et de leurs chevaux, dont le témoignage conscient ne joue aucun rôle ici ; enfin que, en admettant une substance immatérielle en moi, il faut admettre qu’elle a subi tant de changements que je ne suis pas sûr que la plus petite particule immatérielle est ce qu’elle était il y a trente ans ; qu’avec la meilleure volonté du monde je ne vois ni l’utilité ni le bénéfice de l’entité supposée, et qu’elle me paraît superflue. Je pourrais aller plus loin et lui affirmer à mon tour que son intuition de l’identité est en réalité la déclaration explicite de son unité et de son identité physiologiques que son corps traduit par la conscience, et qu’attribuer au simple traducteur le crédit et l’autorité de l’auteur, à la copie l’autorité de