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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


H. Maudsley. Body and will, being an essay concerning will in its metaphysical, physiological and pathological aspects (Corps et volonté : essai sur la métaphysique, la physiologie et la pathologie de la volonté). In-8o, London, 333 p. Kegan Paul, 1883.

Ce nouvel ouvrage du Dr Maudsley est conçu dans le même esprit que ses deux livres sur la « Physiologie » et la « Pathologie de l’esprit » ; et ceux-ci sont trop connus du public philosophique pour qu’il soit nécessaire, au début de cet article, de dire comment l’auteur comprend et traite les questions de psychologie. Sa préoccupation constante des questions morales et sociales, si visible déjà dans la Pathologie de l’esprit, s’accuse encore mieux dans ce nouveau travail. À proprement parler, il traite presque autant des déviations du sens moral que de la volonté. C’est ce que notre analyse essayera de faire voir,

L’ouvrage comprend trois parties, qui étudient successivement la métaphysique, la physiologie et la pathologie de la volonté.

I. L’étude métaphysique est naturellement consacrée à la question du libre arbitre, que l’auteur résout dans un sens négatif. Le problème est posé sous une forme nette : « La difficulté capitale, c’est la conception d’un pouvoir si extraordinaire dans la nature, venant d’un dehors inconnu, ayant non une genèse, mais une auto-genèse, ne dérivant toute son énergie que d’elle-même, non sujet aux lois de la croissance, quoique manifestement il croisse dans l’individu avec son développement mental ; d’un pouvoir qui, quoiqu’il agisse sur la nature, n’a rien de commun avec elle ni avec ce qui s’y trouve… Il n’est pas exact de dire qu’il est surnaturel, puisqu’il agit naturellement et constamment sur les événements du monde ; et cependant il est surnaturel dans sa source première, dans le renouvellement perpétuel de son énergie, non naturel (unnaturel) dans son mode d’union avec la nature » (p. 2, 3). D’après l’auteur, « la personne qui répondrait le mieux (si tant est que quelqu’un y réponde) à la définition du libre arbitre, ce serait le fou, puisqu’il exulte de son sentiment intense de liberté et de pouvoir, n’écoute aucun conseil de la raison, agit immédiatement sans prévoir, sans réfléchir, de telle façon que personne ne peut ; d’avance