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qu’il a jugés être moins clairs à l’intuition que ce dernier. Bien avant que l’on fit de la géométrie, on dessinait et l’on avait par conséquent une notion de la similitude qui, en géométrie, aurait pu être postulée en lieu et place de la proposition sur les parallèles. Mais ce ne sont pas des expériences accumulées faites sur les dessins des premiers âges qui ont établi la vérité du principe de similitude. On aura pu dessiner sans avoir la notion de ce principe, mais on n’aura jamais pensé à le ; vérifier sans l’avoir formulé par un jugement intuitif.

Ces jugements intuitifs sont sans doute relativement nécessaires, comme le dit M. Kroman, ou du moins ils l’ont été jusqu’à ce que Gauss et Lobatchefsky aient échappé pour le postulatum des parallèles à cette nécessité relative. Seulement, il convient de le remarquer, cette nécessité historique ne garantit pas plus la vérité de ce postulatum dans la réalité, que la nécessité où s’est trouvée l’humanité, à l’origine, d’affirmer la révolution du soleil autour de la terre ne garantissait la réalité de cette révolution.

Paul Tannery.