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cience. La différence entre ces deux sortes de symboles consiste essentiellement en ce que-les premiers sont formés consciemment et possèdent ainsi une clarté et une rigueur toutes spéciales, tandis que les autres, produits par un procédé naturel à moitié inconscient, restent toujours plus ou moins flottants et vagues.

Il doit être expressément remarqué que la division indiquée plus haut en quatre facultés différentes, de ce qui, au fond, est un seul et même pouvoir, ne peut être considérée que comme essentiellement arbitraire, et justifiée qu’en raison des commodités qu’elle offre à l’exposition.

La condition essentielle pour que les facultés humaines puissent produire la connaissance, est que tout changement soit précédé d’un groupe déterminé de conditions, ou, en d’autres termes, que tout changement ait une cause. Notre ferme croyance qu’il en est ainsi s’explique par le besoin que nous avons de la connaissance, et il n’y a pas à lui chercher un autre motif.

M. Kroman prend ici un exemple simple (la question d’établir une console assez solide pour supporter un plâtre), pour expliquer comment la prévision se ramène à l’expérience et comment les expériences réelles, très nombreuses et très incommodes, qu’il faudrait faire pour les choses les plus simples, se réduisent au minimum par la substitution qu’on leur fait d’expériences de pensée, qui négligent un certain nombre d’éléments de la réalité, mais en restent néanmoins assez voisines pour que les résultats ne soient pas entaches d’erreur sensible. Notre auteur part de là pour distinguer deux sortes de sciences : l’une qu’il appelle formelle, qui traite des objets qu’elle se crée à elle-même, qui est apriorique, et donne des résultats absolument exacts et sûrs, bien entendu en tant qu’on les limite aux objets de fantaisie dont s’occupe cette science ; l’autre qu’il appelle réelle, qui traite d’objets donnés en dehors d’elle, qui est empirique, et ne donne et ne peut donner que des approximations et des probabilités.

La distinction entre l’apriorique et l’empirique doit être uniquement entendue d’après la distinction entre les deux classes d’objets correspondant aux deux genres de science.

Ici se termine l’introduction par un résumé général et par la position des problèmes à l’étude desquels l’ouvrage sera consacré.

La première partie débute en faisant ressortir l’importance des mathématiques au point de vue de la théorie de la connaissance ; puis M. Kroman expose, dans une page magistrale, la marche suivie par Kant, et remarque qu’elle soulève deux questions capitales.