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seront toujours subordonnées aux propriétés de ce milieu et par conséquent ne peuvent être regardées ni comme rigoureuses ni comme permanentes, J’y reviendrai tout à l’heure.

On rencontre dans tous les précis de mécanique cette phrase : « Il n’y a que des mouvements relatifs, » on peut la traduire ainsi : Il n’y a que des forces relatives », mais sous cette forme elle déplaît aux philosophes qui ont commencé à spéculer sur la force conçue comme distincte du mouvement. Si l’on se place à ce point de vue on ne peut manquer de faire une remarque : c’est qu’on néglige beaucoup trop aujourd’hui l’étude de la mécanique expérimentale. Depuis que Laplace et Lagrange ont donné à la mécanique analytique une perfection qui n’a pas été dépassée, la plupart des géomètres, leurs élèves, n’ont pas assez encouragé les expérimentateurs ; observateurs et analystes ont travaillé chacun de leur côté, au lieu de s’aider et de se guider mutuellement. Croit-on qu’il n’y ait plus rien à découvrir ? L. Foucault a pourtant montré dans sa mémorable expérience du Panthéon de quelle utilité peuvent être les plus simples expériences pour résoudre les questions les plus hautes de la mécanique. On interprète d’ordinaire l’expérience de Foucault comme une preuve du mouvement de la terre ; nous allons en donner une interprétation différente de forme, au fond équivalente, qui n’a d’autre but ici que de montrer un exemple du vide des querelles métaphysiques.

Si l’on admet que le déterminisme mécanique de la gravitation terrestre s’exprime dans l’espace absolu et si on veut vérifier que la terre tourne de l’ouest à l’est dans cet espace absolu, on cherchera quels sont les effets de la rotation considérée sur le mouvement d’un pendule ; seule la géométrie montre alors que cette rotation a pour effet de produire sur la terre une force apparente, « la force centrifuge, » proportionnelle à la distance de l’observateur à l’axe terrestre, force qui à sa part d’influence dans les variations de la pesanteur du pôle à l’équateur ; cette force diminue la gravitation et fait dévier en un même lieu du globe d’une très petite quantité la direction que prendrait en ce lieu un fil à plomb sous l’action de la gravitation ; un autre effet de la rotation de la terre sur un corps en mouvement, sur la terre, est de produire la force apparente de Coriolis, dont nous avons parlé plus haut ; cette force, dans le cas du mouvement d’un pendule, a pour effet de faire tourner le plan d’oscillation du pendule de l’est à l’ouest avec une vitesse qui dépend de celle de la rotation de la terre et de la latitude du lieu de l’expérience. L’expérience, comme on le sait, a été faite à Paris au Panthéon ; le déplacement continu du plan d’oscillation

a été observé et on en a conclu le mouvement diurne de la terre. Mais on peut se placer à un autre point de vue, et, si l’on