main main viennent frapper à sa porte les réclamations du savant honnête, qui l’avertit que le mot en dit trop, le philosophe fait semblant de ne pas entendre, et il n’ouvre pas sa porte.
Voilà comment se développent les idées absolues et les systèmes, dans les livres du moins.
II
Pour en revenir au mot qui nous occupe, je vais montrer aussi clairement que possible ce qu’est dans la réalité le déterminisme mécanique : une méthode de description des mouvements des corps. Cette méthode a réussi en astronomie ; elle ne paraît pas suffisante pour la physique mathématique ; jamais on n’a songé sérieusement à l’appliquer aux corps vivants.
Pour apprécier le déterminisme mécanique, il est tout à fait inutile d’employer les formules savantes de la mécanique analytique ; il n’est besoin que de rappeler comment les géomètres décrivent les mouvements des corps. Ils imaginent un ensemble de points constituant une figure invariable, soit que cet ensemble existe réellement, soit qu’on puisse à chaque instant définir un pareil ensemble fictif par la position actuelle de plusieurs corps en mouvement par rapport à nous.
Cet ensemble de figure invariable, fictif ou réel, peut être assimilé à un système de trois plans perpendiculaires deux à deux, mais rigides et indéformables, tels que nous les offrent dans le même coin d’une chambre les deux murailles verticales et le sol.
La position d’un corps au repos, d’une mouche comme d’une pierre, peut être définie dans une chambre au moyen de ses trois distances aux trois plans.
Ces distances sont encore les projections sur les trois intersections des plans deux à deux de la ligne droite qui part du point d’intersection des trois plans pour aboutir à la position du corps. Telles sont les coordonnées de Descartes, qui, l’unité de longueur une fois choisie, peuvent être représentées par trois nombres dont la connaissance simultanée équivaut pour un géomètre à celle de la position du corps.
La connaissance de ces coordonnées à tous les instants ou la con-
