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TANNERY. — critique de la loi de weber

certaines limites elle concorde suffisamment avec l’expérience ; la première formule doit au contraire être regardée comme scientifiquement établie, et elle donne en fait un principe pour la mesure des sensations. Quant au passage de la formule de Weber à celle de Fechner, il n’est permis que si les différences sensationnelles appartiennent à une seule et même série bien définie, dont les variations s’effectuent sous des conditions de temps et de lieu constantes. La nécessité de cette condition entraine dès lors la position de toute une série de nouveaux problèmes psychophysiques.

Si l’on considère d’autre part que M. Wundt continue à se tenir en dehors de ce que Fechner appelle le point de vue psychophysique, il me semble que sous ses subtiles distinctions, accompagnées de discussions plus subtiles encore, se cachent en réalité de graves concessions de sa part aux adversaires de la nouvelle science, et qu’il est loin d’être resté sur le terrain où il affectait de se maintenir lors de la polémique dont j’ai cité un passage. Sans doute ces concessions né sont nullement décisives, mais elles sont un heureux indice, et elles donnent l’espoir qu’un savant aux larges vues, à l’esprit profondément philosophique, tel qu’est M. Wundt, arrivera à imprimer aux recherches auxquelles il préside une direction définitive et féconde en résultats inattendus.

Paul Tannery.