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mobile et même à l’encontre de la raison, de la volonté (monomanie instinctive ou impulsive des auteurs).

L’auteur attribue l’origine de toutes ces formes morbides à l’action prédominante d’une excitation des centres psychiques, qui se manifeste par le développement automatique et tyrannique d’une idée, cette idée s’imposant à la raison, à la conscience et à la volonté.

Enfin la base de l’affection est une disposition constitutionnelle, le plus souvent héréditaire.

Tamburini et Marchi. Contribution à l’étude des localisations et de l’aphasie. — La malade qui fait le sujet de l’observation est une femme de trente-huit ans ; du côté de l’hérédité, on ne trouve pas de maladies mentales et nerveuses. Trois mois avant son entrée à l’asile de Reggio, elle a présenté des accidents convulsifs dans le bras droit et la face, accidents mal connus, qui ont fait porter le diagnostic de méningite cérébrale. Ce qui est certain, c’est que la malade a eu de la difficulté de parole ; elle était obligée à chaque instant de s’interrompre, ne trouvant plus le mot qu’elle voulait prononcer. Ce symptôme s’est ensuite accompagné de troubles psychiques, changements d’humeur, irritabilité excessive, léger délire.

À son entrée dans l’asile, on observe spécialement des désordres dans le langage et dans l’écriture : au milieu d’un discours, la malade s’arrête, ne pouvant pas prononcer un mot, qui est le plus souvent un substantif, quelquefois un adjectif. Si on lui cite plusieurs mots pour l’aider, elle répond négativement jusqu’à ce qu’on ait cité le mot qu’elle voulait prononcer ; elle le répète alors facilement. On peut l’aider encore en prononçant la première syllabe du mot qu’elle cherche ou un autre mot de même désinence ; ce secours suffit pour lui faire trouver le mot propre. À certains moments, le trouble s’aggrave, la malade n’a plus à son service que des monosyllabes ; alors elle n’est plus capable de répéter le mot qu’on prononce devant elle, bien qu’elle le comprenne toujours.

Du côté de l’écriture, voici ce qui est à noter : Invitée à écrire son nom, elle hésite, trace une lettre ou deux et puis s’arrête, ne pouvant en écrire davantage, ou bien écrit des lettres différentes. Si on lui donne à copier des mots, elle change les lettres, en écrit une pour une autre ; ce n’est qu’en lui dictant les lettres une à une qu’on arrive avec beaucoup de temps à ne pas lui laisser commettre de faute.

L’intelligence est affaiblie, mais il n’y a pas de délire ni d’hallucinations. Au point de vue physique, on observe une hémiparésie droite, surtout accentuée au membre supérieur ; il y a aussi de la paralysie faciale à droite. La malade se plaint de violentes douleurs de tête siégeant surtout au milieu de la région pariétale gauche. Quinze jours après, la malade succombait.

L’hémiparésie droite, l’aphasie et l’agraphie avaient fait porter le diagnostic de lésion corticale de l’hémisphère gauche.

L’aphasie était de nature amnésique ; elle consistait dans l’empêchement de l’association des idées et des mots ; la malade oubliait certains