Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 17.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
344
revue philosophique

que dans la catalepsie ; l’approche de l’aimant produit de profondes modifications dans la courbe respiratoire (apnée et inspiration très profondes). Les tracés indiquent très clairement ces résultats.

d. Pour la circulation : augmentation de volume des vaisseaux périphériques (plétismographe de Mosso et acrosphymographe) ; pouls régulier, dicrote, dont le tracé subit les oscillations régulières du mouvement respiratoire. Le pouls carotidien ne présente rien de remarquable ; il devient plus petit au passage de l’état léthargique à l’état cataleptique. Il augmente quand on approche un aimant de la tête.

L’état cataleptique présente les caractères suivants :

a. Pour le mouvement : flexibilité plastique des membres ; diminution notable des réflexes tendineux, et absence de diffusion, lenteur dans la production de la contraction paradoxale de Westphall ; absence de réaction musculaire à l’aimant.

b. Pour la sensibilité : anesthésie sensorielle complète ; disparition de l’hyperesthésie des ovaires.

c. Pour la respiration : mouvements respiratoires lents et superficiels ; aucune modification par l’aimant.

d. Pour la circulation : diminution de volume des vaisseaux périphériques. Pouls ne présentant pas trace des oscillations respiratoires. Pouls carotidien non modifié par l’approche de l’aimant.

Ces différences entre les deux états léthargique et cataleptique s’accusent très bien quand on provoque l’hémiléthargie et l’hémicatalepsie.

L’état somnambulique fera l’objet d’une étude à part.

Interprétation des phénomènes. — Les phénomènes musculaires qui caractérisent les périodes hypnotiques, quand on les considère dans leur nature intime, se réduisent en dernière analyse à des manifestations diverses de l’excitabilité neuro-musculaire, ou plutôt à une augmentation dans l’excitabilité des appareils centraux de l’innervation musculaire. La contraction et la contracture, qui se produisent avec tant de facilité dans la léthargie par l’excitation mécanique des nerfs et des muscles sont l’expression naturelle de l’hyperexcitabilité neuro-musculaire ; la catalepsie consiste simplement dans une contraction faible et prolongée ; et la rigidité du somnambulisme est une contracture plus forte, qui ne cède pas à l’excitation des muscles antagonistes.

Il ne n’agit donc dans tout cela que de modifications de la tonicité musculaire, portant uniquement sur la durée et l’intensité. Or, si l’on considère les moyens propres à produire ces modifications, on trouve que l’effet produit est toujours proportionnel à l’intensité et à la durée du stimulus. La contraction de la léthargie est le résultat d’une excitation mécanique rapide ; une pression plus forte amène une contracture plus durable ; une pression encore plus forte amène la rigidité somnambulique. La même proportionnalité entre les causes et les effets s’observe pour les excitations lumineuses, sonores, etc. Nous ne pouvons pas insister sur les détails. Bref, il en résulte que tous ces phénomènes musculaires, qu’on donne en général comme caractéristiques