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ANALYSES.e. ferrière. L’âme est la fonction du cerveau.


Nous n’examinerons pas si toutes les critiques sont méritées, si la part de l’éloge est toujours strictement juste. Il nous suffit, pour achever de donner de cet excellent travail une complète idée, d’en résumer, d’après l’auteur, les conclusions :

1o Le problème de la notion d’espace n’a été résolu par aucune des théories ici exposées et critiquées ; l’unique théorie future qui prévaudra sera une théorie psychogénétique de la représentation de quelque chose hors du moi, dont les parties sont l’une en dehors de l’autre.

2o Le problème de la détermination de la position dans l’espace a été résolu définitivement par la théorie de l’école génétique associative.

3o Le problème de la distinction des sensations contemporaines de même espèce a été résolu définitivement par la théorie des signes locaux de Lotze.

4o Le problème de la détermination de la position d’une sensation a été résolu définitivement par les théories génétiques de Lotze et de Wundt, qui peuvent être corrigées en un point secondaire, les sensations musculaires devant être substituées à celles d’innervation, dont l’existence n’est nullement prouvée.

Bernard perez.

Émile Ferrière.L’âme est la fonction du cerveau. 2 vol.  in-18, 436 et 404 pages. Paris, Germer Baillière. 1883.

Voici comment M. Ferrière présente lui-même, dans sa Préface, son ouvrage au public :

« Le dessein conçu de soumettre la théorie de Spinoza à la vérification expérimentale m’a engagé dans une entreprise dont j’étais loin de soupçonner la longueur et les difficultés. Démontrer à l’aide des faits scientifiques modernes l’unité de substance, tel était le but. Déjà la première partie, consacrée à l’unité de la vie chez les animaux et les végétaux, avait pris une grande extension ; ce fut bien pis quand j’arrivai à la deuxième : L’âme est la fonction du cerveau. Le développement fut tel que, de simple portion d’un livre, cette partie est devenue livre elle-même. »

M. Ferrière se proposait donc de démontrer, avec les ressources de la science moderne, la théorie métaphysique du panthéisme de Spinoza. Il me paraît être arrivé surtout à faire un livre de vulgarisation, ou plutôt une compilation, qui n’est ni sans défauts ni sans qualités, sur la psychologie générale. Son livre manque d’originalité à un tel point que cela le rend presque original ; mais il offre un très bon exposé de certaines questions ; il se compose presque entièrement de citations et d’emprunts, mais ces emprunts ont été généralement bien faits et bien arrangés.

M. Ferrière étudie d’abord l’anatomie et la physiologie des centres nerveux. Cette étude gagnerait beaucoup à être accompagnée de quelques figures. Ensuite il expose la méthode expérimentale et en donne