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LECHALAS. — sur le mode d’action de la musique

« Quelles que soient la complication et la variété de nos opérations intellectuelles, de nos sentiments et de nos mouvements, ils ne sont jamais exprimés, dit l’illustre savant, que par l’activité vitale de trois éléments organiques formant une chaîne à anneaux distincts, mais dont les propriétés sont cependant physiologiquement et hiérarchiquement subordonnées. Ces trois éléments sont l’élément nerveux sensitif, l’élément nerveux moteur et l’élément musculaire. Le point de départ de l’action physiologique se trouve dans l’élément nerveux sensitif ou intellectuel ; sa vibration se transmet suivant son axe, et, arrivée à la cellule nerveuse, véritable relais, la vibration sensitive se transforme en vibration motrice. Cette dernière se produit à son tour dans l’élément nerveux moteur et arrive à son extrémité périphérique ; elle fait vibrer la fibre musculaire, qui, réagissant en vertu de sa propriété élémentaire, opère la contraction ou le mouvement[1]. »

« Les excitants physiologiques des nerfs moteurs sont au nombre de deux : la volonté et la sensibilité. La volonté ne peut exercer son influence sur tous les nerfs moteurs du corps ; les nerfs du cœur par exemple sont en dehors d’elle. La sensibilité au contraire exerce une influence qui est générale, et tous les nerfs moteurs, qu’ils soient volontaires ou involontaires, subissent son action réflexe. On a appelé réflexes toutes les actions sensitives qui réagissent sur les nerfs moteurs en donnant lieu à des mouvements involontaires, parce qu’on suppose que l’impression sensitive venue de périphérie est réfléchie dans le centre nerveux sur le nerf moteur[2]. »

« C’est ainsi que la salive s’écoule abondamment lorsqu’un corps sapide vient impressionner les nerfs de la membrane muqueuse buccale, et que le suc gastrique se forme sous l’influence du contact des aliments et de la surface sensible de l’estomac. Toutefois cette excitation mécanique sur les nerfs sensitifs périphériques, venant retentir sur l’organe par action réflexe, peut être remplacée par une excitation purement psychique ou cérébrale. Une expérience simple vient en donner la démonstration. Prenant un cheval à jeun, on découvre sur le côté de la mâchoire le canal excréteur de la glande parotide, on divise ce conduit, et rien n’en sort ; la glande est au repos. Si alors on fait voir au cheval de l’avoine, ou mieux, si, sans rien lui montrer, on exécute un mouvement qui indique à l’animal qu’on va lui donner son repas, aussitôt un jet continu de salive s’écoule du conduit parotidien, en même temps que le tissu de

  1. Le curare.
  2. Physiologie du cœur.