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BERTRAND. — deux lois psycho-physiologiques

les expériences de M. Chevreul, et je puis lui affirmer que l’imagination produit exactement les mêmes effets que la perception ; le cercle que j’imagine donne l’impulsion tout aussi nette, quoique peut-être plus faible, que le cercle que je perçois. Lorsque M. E. Chevreul fermait les yeux ou se les faisait bander, il n’avait pas songé à essayer de substituer à l’activité de l’organe l’activité du cerveau, à la vision l’image, au processus physico-psychologique le processus psycho-physiologique. Confirmons l’exactitude de ces résultats par les belles expériences de Faraday sur les tables tournantes. Le mouvement d’un guéridon est produit par la pression latérale des mains des personnes qui font la chaîne et qui ont la foi, ou du moins la pensée que l’expérience réussira, ou le désir qu’elle réussisse. Deux expériences le démontrent : 1^o Superposez quatre ou cinq morceaux de carton à surface polie et huilée, et priez les personnes qui prennent part à l’expérience, et que nous supposons toutes de bonne foi, de poser leurs mains non sur la table directement, mais sur les piles de cartons ; que la table ait tourné ou non, le déplacement des cartons qui ont glissé l’un sur l’autre indique une pression des mains dirigées latéralement ou, comme dit Faraday, horizontalement. Si la table a tourné, le déplacement plus grand du carton supérieur indique qu’elle ne s’est mue qu’après les cartons et ceux-ci qu’après les mains. Voilà bien le cas du dégagement, sous l’influence de la pensée inconsciente, d’une certaine quantité d’énergie nerveuse ou musculaire. 2^o Fixez un repère formé d’une tige verticale correspondant à un index adapté à une feuille de carton poli, collé lui-même légèrement à la table au moyen de petites pelotes de mastic : c’est sur cette feuille que les mains sont appliquées ; si l’index est caché, la table tourne et l’index indique une pression latérale ; si l’index est visible, tout mouvement cesse, lors même que le carton poli serait assez mobile pour glisser au moindre effort. L’explication de ce dernier fait est très remarquable : c’est que le déplacement de l’index contrebalançant la tendance de l’opérateur, il s’apercevait ainsi que, sans en avoir conscience, il avait exercé un effort latéral. On ne soupçonne pas généralement l’incroyable puissance d’un effort répété, fût-il infinitésimal : la pression d’un doigt peut ébranler un bloc de pierre de plusieurs décimètres cubes ; un pendule communique son mouvement d’oscillation à un autre pendule placé semblablement de l’autre côté d’un mur ; un régiment passant sur un pont suspendu peut le briser, non par son poids, mais par le seul fait de marcher au pas. M. E. Chevreul ne néglige aucune des applications de la loi qu’il a découverte : effets de l’imitation et de la contagion morale ; expressions de la physionomie ; attitudes du corps, par exemple celle du joueur de billard