Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 17.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
235
revue des périodiques

Hutchison Stirling. La question de l’idéalisme dans Kant : les deux éditions. — Il s’agit de la question tant débattue sur la différence entre les deux éditions de la Critique de la raison pure. L’auteur discute surtout la thèse d’Ueberweg. « Il pense que la théorie spéciale de Kant est restée, au moins dans son propre esprit, toujours la même ; mais que, scandalisé par certaines confusions entre sa doctrine et le Berkeleyanisme, pour discréditer et éteindre cette accusation, il a tantôt omis, tantôt accentué non sans ajouter directement quelques expressions qui prêtent à une double entente. » L auteur, outre la thèse d’Ueberweg, examine celles de Jacobi, Michelet, Schopenhauer, Kuno Fischer, etc.

E. Caird. Le dernier ouvrage de Green. — Une grande partie de cet article est consacrée à l’analyse des Prolegomens to ethics, dont la Revue rendra compte prochainement ; aussi nous bornerons-nous à la conclusion critique. La méthode poursuivie par Green dans sa recherche de l’idéal moral est celle d’Aristote, modifiée par Kant. Avec ce dernier, l’auteur se demande quelles sont les conditions de l’expérience et en particulier de l’expérience morale. Avec le premier il part de l’expérience concrète donnée par la communauté sociale de la famille et de l’État.

Notes et Discussions. — Bain : La pure malveillance existe-t-elle ? — Bradley : Sympathie et intérêt. — Monck et H. Sidgwick : Théorie des mathématiques de Kant. — Tartell : Le syllogisme hypothétique.

James (William). Sur quelques omissions dans la psychologie d’observation intérieure. — On sait qu’il y a sur la valeur de l’observation intérieure deux opinions contradictoires. Sans valeur pour les uns (Comte, Maudsley), elle est infaillible pour d’autres (Ueberweg, Brentano). Extravagance des deux côtés. Ce qui est certain pourtant, c’est que l’observation intérieure ne peut faire connaître ce qui n’est pas immédiatement senti : car il faut que ce quelque chose soit rappelé, classé, nommé, connu, soumis à la réflexion, et ces opérations sont loin d’être infaillibles. C’est à quelques illusions de ce genre que l’auteur consacre son article.

Le courant de notre conscience ne coule pas d’un flux égal : il ressemble plutôt à la démarche d’un oiseau qui, successivement, vole et se perche. Les lieux de repos sont occupés d’ordinaire par des sensations et images, stables relativement ; les lieux parcourus par le vol sont représentés par des pensées de rapports, statiques ou dynamiques, entre les points de repos, Nous avons ainsi des « portions substantives » et des « portions transitives ». Or une première difficulté de l’observation intérieure, c’est de voir en réalité ce que sont ces dernières ; aussi en fait sont-elles à peu près oubliées. — Une seconde erreur de l’observation intérieure, c’est d’ignorer ce fait qu’à chaque connaissance de rapport objectif correspond en nous une modification subjective particulière. Herbert Spencer seul a eu l’honneur de le signaler dans quelques pages qui n’ont pas été assez remarquées (Principes de psycho-