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le programme de l’agrégation de philosophie

Laissons de côté les thèses sur Socrate et Marc Aurèle, dont la préparation sera beaucoup moins longue et plus facile ; sur Pascal, dont la bibliographie si considérable doit être connue par ceux qui veulent faire un choix entre les jugements si différents portés sur Pascal par les philosophes qui s’en sont occupés, depuis Voltaire et Condorcet jusqu’à Cousin, Vitet, Sainte-Beuve et Saisset.

Les études faites par les candidats qui ont subi les épreuves de la licence philosophique ou qui ont consacré déjà une année, après avoir obtenu la licence ès lettres, à la préparation de l’agrégation, ont pu les mettre à même de connaître en partie chacun de ces sujets.

Il n’en est pas de même des trois autres thèses.

Le poème de Manilius nous a été transmis dans un état de conservation très imparfaite ; le texte en est mal établi et n’a été de nos jours objet d’aucun de ces savants travaux par lesquels les philologues ont réussi souvent à éclaircir et à reconstruire des textes obscurs et mutilés. Chacun des candidats devra donc faire lui-même la critique du texte, en lire les cinq chants, qui comprennent plus de 4 000 vers[1], et y chercher les passages assez peu nombreux où il est question de doctrines qu’on peut considérer comme stoïciennes. Manilius ne se présente nulle part comme un philosophe ; il expose quelquefois des théories péripatéticiennes (I. 472 et passim). Il faudra donc se rendre compte des doctrines astronomiques et surtout astrologiques de Manilius pour les comparer avec celles des Stoïciens et déterminer ce qu’il y a de commun entre elles. Mais, pour cela, il faudra connaître l’état des sciences à la fin du premier siècle avant Jésus-Christ et se livrer à de longues et nombreuses recherches que n’auront pas le temps de faire les candidats à l’agrégation.

La philosophie de Maine de Biran demanderait aussi une très longue étude. On sait combien la lecture de cet auteur est difficile ; combien il faut y apporter d’attention pour saisir la pensée enveloppée dans une phraséologie souvent embarrassée. Or ses œuvres, publiées par MM. Cousin, Naville et Gérard, contiennent près de 3 000 pages[2]. D’un autre côté, il n’est guère possible de comprendre les doctrines de Maine de Biran, si l’on néglige de les rapprocher de celles de Condillac dont il est parti et de celles auxquelles elles ont donné naissance dans notre siècle.

Nous en dirons autant de la philosophie de W. Hamilton. Les Discussions sur la philosophie comprennent 836 pages ; les Lectures de logique et de métaphysique, 1921 pages ; les notes et discussions placées à la suite de l’édition de Reid, 170 : ce qui donne un total de 2947 pages. La lecture des 390 pages de Fragments, traduits par M. Peisse, ne saurait même dispenser de lire la partie du texte traduite, car M. Peisse a omis très souvent dans sa traduction les notes de W. Hamilton qui expli-

  1. 4258 dans l’édition Lemaire, 4198 dans l’édition Nisard.
  2. Cousin, 1512, Naville 1381, Gérard (fragments) 80. Nous laissons de côté le Journal et les fragments de peu d’importance publiés récemment.