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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES



Dr G. Le Bon. La civilisation des Arabes. In-4o, 705 pages, avec 40 chromolithographies et 366 gravures. Paris, Firmin Didot. 1884.

Ce bel ouvrage nous est présenté par auteur comme une suite à son livre sur l’Homme et les Sociétés, dont il a été rendu compte ici il y a deux ans (tome XII, p. 433 et suivantes), « Après avoir étudié l’homme isolé et l’évolution des sociétés, il nous reste, dit-il, pour compléter notre plan, à appliquer à l’étude des grandes civilisations les méthodes que nous avons exposées. L’entreprise est vaste, les difficultés sont grandes ignorant jusqu’où nous pourrons la conduire, nous avons voulu que chacun des volumes qui composeront cet ouvrage fût complet et indépendant. S’il nous est donné de terminer les huit à dix volumes que notre plan comprend, rien ne sera plus simple que de classer ensuite dans un ordre méthodique l’histoire des diverses civilisations à l’étude desquelles chacun aura été consacré. »

Nous avons donc sous les yeux un chapitre de cette Völkerpsychologie, de cette psychologie ethnique qui est le complément indispensable de la psychologie physiologique ou expérimentale : car celle-ci, dans sa simplicité relative, ne peut étudier que le mécanisme général de l’esprit humain, dans ses rapports immédiats avec les conditions biologiques qui lui servent de bases : et elle ne s’occupe qu’incidemment de son développement historique et social.

Si intéressante et utile que soit cette dernière étude, on comprend que beaucoup hésitent à l’aborder. La complexité du sujet effraye les plus hardis, et ilest difficile d’arriver à des généralisations solides qui ne soient ni ces compilations critiques de documents qu’on appelle de nos jours « la science historique » ni ces considérations vagues et sans grande portée qu’on décore du nom de philosophie de l’histoire, L’auteur voit mieux que personne ces difficultés. « Toutes les prétendues lois que l’on croit pouvoir tirer de l’étude de l’histoire ne sont en réalité que la constatation empirique de certains faits. On peut les comparer aux observations également empiriques des statisticiens… L’impossibilité de remonter bien loin dans l’examen des causes qui déterminent un phénomène social a inspiré un certain dédain des sciences historiques aux savants qui ont essayé de les approfondir. Un écrivain éminent, M. Renan, les qualifie de petites sciences conjecturales qui se défont