Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 17.djvu/214

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
revue philosophique

est l’effort. Le vrai Dieu de Kant, disait la première édition, c’est la liberté, idéal transcendant dont le Dieu de la religion n’est que le premier ministre, Aujourd’hui, c’est la liberté au service de l’idéal, c’est la volonté tendant au bien, Der gute Wille. Les déistes anglais Toland, Hartley, Priestley, omis dans la première édition, sont exposés dans celle-ci. Le chapitre des encyclopédistes français, plus développé qu’à l’origine, les présente aussi d’une manière plus objective. Condillac, dont on s’était débarrassé en six lignes, est arrivé aux honneurs du paragraphe. — Le chapitre de Schopenhauer a reçu certains développements. Il se termine par ces mots : « Ce qu’il est difficile de lui pardonner, c’est d’avoir réduit la pensée à un phénomène purement corporel, alors que la convenance finale dans l’organisation du cerveau, du système nerveux, de l’œil, de l’oreille, du corps tout entier suppose, en dépit de toutes les objections du matérialisme, une’intelligence préexistante et indépendante de la matière. Aujourd’hui, Schopenhauer a reçu sa grâce, au moins le passage est-il supprimé, ce qui nous parait n’être pas sans conséquence. M. Ed. de Hartmann figure en supplément, c’est une page. Neuf sur Darwin et le transformisme viennent compléter le chapitre du matérialisme moderne. On peut se demander, dit M. Weber, si le principe darwinien dont le matérialisme se réclame, loin d’écarter l’hypothèse de la finalité immanente n’est pas plutôt de nature à la corroborer Est-il bien vrai que la concurrence vitale soit une cause première et exclusivement mécanique ? La lutte pour la vie ne suppose-t-elle pas à son tour le vouloir vivre de Schopenhauer, la volonté ou l’effort ? »

M. Herbert Spencer s’en tire avec onze lignes. Le néo-criticisme de Lange obtient une page. M. Renouvier est nommé comme disciple de Kant, mais le néo-criticisme allemand est seul résumé ; ce n’est pas celui de M. Renouvier qu’on pourrait définir kantisme moins l’impératif catégorique. Enfin M. Weber trouve chez M. Renan du Diderot, du Hegel et même du Schopenhauer ; il ne nous dit pas s’il y trouve du sérieux. Tels sont les principaux enrichissements qu’a reçus cette histoire.

Les renseignements sur la résistance du spiritualisme en Angleterre et en France — Jacobi, Krause, Weisse, Fichte le fils, Ulrici, Baader, Lotze, Fechner, puis Biran, Cousin, Jouffroy, Janet, etc., — la complètent aussi sans doute, mais ils altèrent l’ordonnance de la conclusion, où ils ne sont peut-être pas tous à leur place, si du moins quelques-uns le sont, La première édition finissait en conjurant le positivisme de reconnaître dans sa tendance même au matérialisme la preuve de la nécessité d’une ontologie, puis d’avouer que le matérialisme laisse inexpliqué le fait capital de la finalité ou rationnalité des choses. La dernière en se résumant termine sur la doctrine de l’unité.

CH. Secrétan.