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REMARQUES

SUR LES

SENSATIONS & LES PERCEPTIONS


La Revue philosophique (juillet et août 1883) à publié une étude de M. Paul Souriau intitulée Les sensations et les perceptions qui, par la clarté parfaite avec laquelle il pose et résout ce problème, par le naturel et l’ordre, par la manière vive et facile d’éclaircir certains points embrouillés de la psychologie, m’a semblé digne de considération. Comme on y traite une question très importante, sur laquelle j’ai souvent médité moi-même et, qu’en outre la solution que l’auteur en donne me paraît en grande partie la vraie, j’ai cru qu’il ne serait pas tout à fait inutile pour nos communes études d’offrir aux lecteurs de la Revue quelques remarques sur ce sujet, en me bornant presque exclusivement aux points sur lesquels je ne suis pas entièrement d’accord avec l’auteur.

En premier lieu, je dois prévenir que, ainsi que M. Souriau, j’ai toujours jugé le problème bien plus simple qu’on ne le croit généralement, et plus d’une des difficultés, dont on l’environne d’habitude me paraît plus fictive que réelle. Concilier le caractère indubitablement subjectif des sensations avec l’extériorité des choses qui nous apparaissent seulement par les sensations et dans les sensations, expliquer comment des groupes des modifications du sujet se transforment en objets indépendants de celui-ci, c’est une entreprise qui, à bien de gens, a paru plus qu’ardue, impossible ; par suite, on parle d’illusions irrésistibles, d’hallucination, de tendance instinctive et inexplicable.

En outre, que dans la grande masse de ces apparences illusoires, un petit nombre, au lieu d’être entrainées avec les autres à constituer le monde extérieur, restent, comme originairement elles l’étaient toutes, adhérentes au moi, c’est un autre mystère, un autre nœud gordien.

L’examen diligent et exact des faits psychiques nous montre au