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variétés

ceau à toute une génération d’hommes qui ont exercé ou exercent présentement sur les affaires de leur pays une incontestable et salutaire influence. Mais ce sont justement ces succès du passé qui rendent précaire notre situation actuelle. La génération qui s’instruisait en des temps où l’instruction était rare et difficile jouit maintenant des fruits de son travail, et la génération nouvelle, voyant devant elle toutes les portes ouvertes, se lance volontiers dans ces luttes où les lauriers sont facilement cueillis. Le public qui nous était acquis et qui pendant bien des années suivait avec un vif intérêt l’exposé de nos doctrines, se contente, maintenant qu’il les connaît, de suivre ses applications dans les diverses manifestations de la vie sociale. En tant qu’organe d’une conception particulière du monde, nous avons épuisé notre programme et fait notre temps ; la philosophie positive ayant dépassé de beaucoup les limites d’une école, nous devions, pour avoir une raison d’être, nous transformer en une publication philosophique plus vaste ou disparaître, Nous avons hésité entre ces deux partis à prendre, et, après mûre réflexion, nous nous sommes arrêtés au dernier. L’état présent de la philosophie, quelque imparfait qu’il soit, contente, il faut bien le dire, sinon les philosophes de profession, du moins l’immense majorité de ceux qui s’intéressent aux luttes intellectuelles. Les ennemis sont vaincus, les points fondamentaux sont acquis, où en conclut aisément qu’il est permis d’abandonner les généralités pour s’occuper des affaires courantes. C’est Là une de ces erreurs profondes dont on paye tôt ou tard les conséquences ; mais, en matière d’erreurs sociales, on peut constater, non corriger.

« Nous disparaissons donc devant l’indifférence générale pour les questions générales ; ceux qui écrivent et ceux qui lisent s’ocupent de toute autre chose que des hautes synthèses scientifiques.

« En publiant ce dernier numéro, il nous est peut-être permis de prétendre, sans nous départir de la modestie qui convient à des penseurs soucieux de la vérité, que les disciples de A. Comte, dont M. Littré a été pendant si longtemps le chef incontesté, ont rempli leur devoir et contribué au développement de la pensée moderne. Nos collaborateurs, au nom desquels nous parlons ici et auxquels la Revue est redevable de son succès, espèrent que cette prétention sera trouvée légitime par les lecteurs pour lesquels ils ont travaillé.

« CH. Robin.
« G. Wyrouboff. »

Nous apprenons avec regret que l’Athenæum belge, qui paraissait à Bruxelles depuis 1877, vient de cesser sa publication.

Notre collaborateur, M. Maurice Vernes nous prie de faire savoir qu’il a résigné les fonctions de directeur de la Revue de l’histoire des religions, qu’il remplissait depuis la fondation de ce recueil, en 1880, avec le concours de MM. A. Barth, Bouché-Leclercq, P. Decharme, S. Guyard, G. Maspero, et C.-P. Tiele (de Leyde).