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La constitution du texte de la nouvelle édition s’est faite en prenant pour base ce que, pour chaque partie, on a trouvé de plus authentique, et en comparant, à chaque passage ou corrompu ou douteux, les éditions et les traductions modernes, afin de mettre le lecteur à même de juger de la valeur de la leçon adoptée. Quant à l’interponction et à l’emploi des majuscules, détails traités assez légèrement par Spinoza et ses amis, on a cru, en général, devoir conserver l’usage en vigueur au siècle de l’auteur, tout en se permettant les modifications requises par l’expression plus parfaite de sa pensée. »


En publiant son numéro de novembre-décembre, la Philosophie positive annonce qu’elle cesse de paraître. Nous ne voyons pas sans regret la disparition de cette Revue, la plus antienne des Revues françaises consacrées à la philosophie. Pendant ses quinze années d’existence, elle n’a pas peu contribué à entretenir dans notre pays le goût des idées générales par les articles qu’elle publiait et les controverses qu’elle suscitait. Trop strictement attachée à la doctrine de Comte, elle a disparu non devant l’indifférence, comme elle dit, mais parce qu’elle a été débordée par un mouvement philosophique beaucoup plus large. C’est ce que les directeurs eux-mêmes semblent reconnaître dans la déclaration suivante, mise en tête de leur dernier numéro et que nous reproduisons en entier :

« Ce numéro sera le dernier de notre Revue, qui cesse de paraître après quinze ans d’existence.

« Lorsque nous fondions avec M. Littré, en 1867, la Philosophie positive, les idées générales étaient partout en honneur ; elles occupaient, elles passionnaient même partout ce public de plus en plus nombreux qui s’intéresse aux choses de l’esprit. Au moment où nous suspendons notre publication, les études philosophiques sont discréditées et les préoccupations d’ordre pratique revendiquent la première place. Au milieu de ce concours d’idées nouvelles qui, à la fin de l’Empire, attaquaient les vieilles doctrines, il nous a semblé que les idées fort peu connues alors de A. Comte avaient leur place ; nous les avons fait connaître, nous les avons développées, amendées, appliquées aux cas particuliers qui se sont présentés. Cette tentative, que beaucoup de gens fort sensés trouvaient prématurée, inopportune, inutile, à pleinement réussi, et nous n’avons pas à nous en repentir ; la philosophie positive est entrée dans le domaine public, ans de grand courant des idées qui circulent un peu partout. Elle a été discutée, examinée de tous les côtés, et reconnue juste dans ses grandes lignes par ceux-là mêmes qui avaient le plus d’intérêt à la trouver fausse. Notre modeste Revue, qui paraissait au début avoir si peu de chances de durée, a non seulement apporté an contingent nécessaire de matériaux à l’édifice jusqu’ici inachevé ide la philosophie moderne, elle a encore servi de ber-