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Les maladies de la volonté dont M. Ribot vient de faire suivre la non moins importante monographie Les maladies de la mémoire. L’une et l’autre, dit-il, s’inspirent de la même idée, et procèdent selon la même méthode. On peut vérifier les lois de évolution des faits mentaux en les examinant du côté de leurs anomalies, de leur dissolution. Si les degrés descendants du processus de dissolution correspondent aux degrés ascendants du processus de formation, la physiologie et la pathologie de l’esprit se réunissent dans une conception commune, comme preuve et contre-épreuve d’une même vérité. Nous pouvons en même temps nous rapprocher d’une classification relativement plus claire des infirmités psychiques, comparées aux phases de l’évolution normale, et ce n’est pas un avantage de peu d’importance au milieu des incertitudes qui dominent encore dans les, œuvres consacrées à ce sujet. « Ces monographies ont, dans la sphère où elles se circonscrivent, une valeur scientifique incontestable, et nous espérons que l’auteur pourra continuer à traiter de la même manière quelque autre partie de la physiologie et de la pathologie mentale. »

Robert Ardigò commence dans un premier et très intéressant article une étude sur l’Incognoscible de Spencer et le Positivisme, à propos du livre intitulé : M. Littré et le Positivisme. L’argumentation de M. Caro lui paraît très juste sur le fait reproché aux positivistes en général de n’être pas restés fidèles à leur programme, et à Spencer en particulier d’avoir outrepassé les données de l’observation et de l’expérience. Mais l’argumentation est fausse en tant qu’il considère l’erreur des positivistes comme un résultat nécessaire du positivisme. Dans ce système, si Von regarde aux faits métaphysiques, on doit les supprimer arbitrairement, en dehors des exigences de l’observation et de l’expérience, ou la logique réclame qu’on les affirme, comme Spencer l’a fait. Si Spencer s’est trompé, le positivisme n’y est pour rien. Le positivisme répudie son affirmation de l’incognoscible, et il la répudie au nom d’une logique véritablement scientifique. C’est là l’objet de cette étude, dont le détail nous entraînerait trop loin, mais qui est bonne à lire, quoique un peu obscure.

M. Kerbaker fait un examen très sympathique de l’étude de E. Dürhing qui a pour titre La substitution de la religion (Der Ersatz der religion durch Volkommeneres und die Ausscheidung alles Judenthum durch modern Volkergeist), Leipzig. 1883.

A. Angiulle analyse la Psychologie de L’enfant (Les trois premiéres années), 2e édition. Il fait voir l’importance de ce livre, qui est classique en Italie comme en France (car M. P. Siciliani en a fait cette année le livre de texte et de dissertation pour Ses élèves de pédagogie). Il félicite surtout l’auteur, de s’être dérobé aux séductions d’un système particulier, tout en restant ferme sur le terrain de la grande école expérimentale, pour recueillir, classer et interpréter les diverses manifestations de l’esprit de l’enfant. L’auteur a surtout évité, soit de glisser dans l’ornière d’un éclectisme infécond, soit de retourner aux mythes