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sens du beau est précédé par le sentiment de l’agréable, ou du plaisir causé par ce qui est conforme à la régularité des formes les plus familières, et à la conscience immédiate de la vie, et que le sentiment du laid a pour antécédents les faits opposés. Mais l’agréable et le répugnant, qui sont des aspects sensibles des choses conformes ou contraires aux conditions subjectives de notre sensibilité, restent d’abord attachés aux sensations affectives et en dépendent. Jusqu’ici le sentiment esthétique vrai n’est pas encore né, et le mot beau est associé à un élément qui n’est pas le sien propre. Pour rectifier cette association, il faut que le jugement, aidé par l’abstraction, puisse considérer les formes séparées des sensations affectives, ou des représentations internes qui les rappellent ; il faut que la régularité de la forme, la proportion des parties, l’unité du tout et la variété qui se combine avec elle, soient remarquées par l’intelligence, et engendrent des sentiments, des idées et des rapports qui dépendent de son exercice. Ces sentiments ne se confondent plus avec les sensations des plaisirs et des peines de l’organisme. Ils s’élèvent du point de vue objectif des choses et portent une empreinte distincte de l’utilité subjective et de l’égoïsme.

La Rassegna critica di opere filosofiche, scientifiche e letterarie.
Febbraio-Seitembre 1883.

A. Angiulli rend compte et fait l’éloge du livre de Fr. von Baerenbach : Les sciences sociales, exposition critique des écoles et des systèmes de sciences sociales dans le temps présent, Leipzig, Otto Wigand, 1882. — Id. une brève mais solide notice sur Les colonies linéaires et la morphologie des mollusques, de G. Cattaneo.

M. Kerbaker analyse très longuement et très exactement, mais apprécie trop en compatriote et ami de l’auteur, La religion de l’esprit (Die religion des Geistes), d’E. de Hartmann.

L. Arréat examine avec impartialité, non sans réserves, un mémoire, d’ailleurs sérieusement fait, de M. C. Clarigny qui a pour titre L’instruction publique en France, Paris, Hachette, 1882. Il lui reproche, entre autres choses, de vouloir, par excès de précaution contre le despotisme de l’État, subordonner l’État aux droits de la famille. Mais il admet avec lui, avec G. Boissier et Tocqueville, la nécessité de créer des collèges littéraires, distincts, d’exception, comme moyen d’arriver à concilier les exigences de l’enseignement secondaire quant à l’humanisme et l’utilitarisme. Il ne trouve pas, ainsi que M. C. Clarigny, la loi du 28 mars détestable parce qu’elle a rendu l’enseignement laïque, et chassé de l’école l’Histoire sacrée, ses miracles et sa mythologie antiscientifique, et même antireligieuse.

Notice d’Angiulli sur le livre de Legrand du Saulle : Les hystériques, état physique et état mental ; actes insolites, délictueux et criminels.

A. Angiulli étudie avec un soin tout particulier la monographie