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MARION. — james mill

En février 1797 commencèrent ses examens de licence. Ils consistaient seulement en épreuves orales, le candidat produisant au préalable un certificat d’études théologiques et d’aptitude au ministère ; mais ces épreuves nombreuses duraient de longs mois. Il prononça Son « homélie » sur ce texte de saint Mathieu : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu. » Comme « sujet d’exégese », il eut à discuter cette question : num sit Dei cognilio naturalis ? Il fit une leçon sur le quatorzième chapitre de l’Évangile de saint Jean, un discours sur l’histoire de l’Église au cinquième siècle, un « sermon populaire » sur la révélation. Enfin, ayant expliqué le texte hébreu du 23e psaume et subi des interrogations sur les langues classiques et toutes les matières de l’enseignement théologique, il reçut (le 4 octobre 1798), sur l’avis unanime de ses juges, « licence de prêcher l’Évangile de Jésus-Christ, » non sans avoir « signé la Confession de foi et la Formule, coram, et entendu lecture de l’acte huit de l’assemblée de 1759, contre la simonie. »

Non seulement il prit, comme on le voit, son diplôme de prédicateur mais il prêcha plus d’une fois, soit à Edinburgh, soit dans les paroisses rurales, notamment à Logie Pert, où la dernière personne survivante de la famille Barclay se souvient très bien de lavoir entendu. Elle se rappelle « que sa voix haute et claire remplissait toute l’église, que son texte était pris dans suint Pierre, et que la généralité des assistants se plaignaient de n’être pas à même de le comprendre. » M. Bain soupçonne que « ses sermons, qui se distinguaient sans doute par la force du raisonnement, devaient manquer un peu de cette onction qui convient à la prédication populaire. »

Son élève, miss Stuart, plus jeune que lui de trois années seulement, venait de se marier en 1797[1]. Tout en restant très attaché à sa famille et un hôte assidu de Fettercairn, il fut tour à tour précepteur dans deux autres maisons, d’abord à Aberdeen, dans la famille Burnet, puis dans l’East Lothian, chez le marquis de Tweeddale. On n’a sur ce sujet que de simples indications, dans la biographie du chimiste Thomas Thomson, son ami, et dans une notice publiée sur lui dans la Penny Cyclopædia, par lord Brougham. Les conditions peu agréables dans lesquelles il semble avoir quitté ses fonctions, au moins dans un de ces cas, sinon dans tous les deux, expliquent assez que ni lui ni personne n’ait eu plaisir à en rappeler le souvenir. Suivant une tradition, il aurait quitté la famille Burnet pour un affront qu’on lui fit dans un diner en l’invitant à quitter la table avec les dames. Un

  1. Cette femme distinguée mourut jeune. Elle eut pour fils James David Forbes, professeur de philosophie naturelle à Edinburgh, Mill parla toujours d’elle avec beaucoup d’estime et d’amitié.