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ANALYSES.g. cattaneo. Le colonie lineari.

naissances à des milliers d’ignorants ; mais un savant même encyclopédique restera toujours inférieur à une assemblée de savants aussi avancés dans leur genre d’études que celui-là l’est dans le sien.

En général, il reste, de l’avis de M. Cattaneo, dans la classification de M. Perrier, une tendance finaliste contraire à l’esprit de la science moderne. Les plastides apparaissent comme les éléments formateurs destinés à constituer les mérides, et ceux-ci sont ausi dénommés parce qu’ils sont regardés comme partie d’un tout ultérieur, le zoïde, c’est-à-dire de la totalité organique par excellence, de l’animal type, de la personne. Le dème est de la sorte défini comme une pluralité d’unités essentielles. Or, en réalité, chacune de ces unités a autant de droits que le zoïde à être reconnue comme un tout défini, comme un animal véritable. Toutes en effet présentent des formes indépendantes en même temps que des formes associées. « On tend en somme à considérer le degré des zoïdes ou personnes comme un point fixe, un degré d’individualité par excellence, au-dessous duquel il y a des sous-multiples, comme les plastides et les mérides, au-dessus duquel il y a des multiples, comme les cormus et les dèmes. Ce concept ouvertement téléologique répugne tout à fait au caractère purement causal et mécanique de la morphologie moderne. Qu’on prenne pour point de départ la plastidule ou la plastide, l’an ou l’autre sera le véritable individu par excellence ; tous les autres ne sont que des multiples de cet individu primordial, et l’agrégation des cellules pour constituer des mérides, ou celle des zoïdes pour constituer des dèmes, a autant d’importance que celle des mérides pour constituer des zoïdes. Au sens morphologique, tous ces individus sont des personnes, et ce titre ne convient pas à un degré plutôt qu’à un autre. » (P. 290.) Et M. Cattaneo voudrait qu’on se bornât dans les dénominations à indiquer le degré de composition morphologique, qui seul importe ; c’est dans cet esprit qu’il propose les dénominations (inutiles à notre sens, parce qu’il faut en finir avec la fluctuation des termes et que les langues scientifiques doivent toujours se résigner à un degré d’approximation, mais dont le principe est juste), à savoir celles de Archenas, Dihenas, Trihenas, Tetrhenas, Penthenas.

Il y a eu lieu d’hésiter sur la justesse des deux critiques antérieures. Il nous paraît difficile d’admettre que le degré d’organisation ne soit pas lié avec le volume et que chaque type puisse indifféremment affecter un volume quelconque. Pour les sociétés cela est impossible. Ainsi le type politique d’après lequel était construite la cité antique, ne pouvait sans une transformation profonde suffire à l’administration de plusieurs millions d’hommes, De là la naissance de l’Empire Romain. Il en est de même en biologie. Quelque volumineuses que soient certaines cellules végétales, on ne conçoit guère des cellules dépassant un certain poids et un certain volume. Les limites peuvent être flottantes ; mais n’y a-t-il pas de limites ? Seule la dernière des critiques nous paraît devoir prendre dans le débat un poids prépondérant. Il n’y a pas d’individus de nature diverse, il n’y a que des degrés divers d’indivi-