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ANALYSES.g. buccola. La legge del tempo, etc.

ardeur durant ces dernières années, sont éparses dans un grand nombre de livres, mémoires ou recueils publiés en diverses langues. Les mêmes expériences ont été reprises par plusieurs savants qui ne sont pas toujours d’accord entre eux, soit sur les résultats obtenus, soit sur leur interprétation. Enfin les recherches sur les divers points de la psychométrie ont été faites d’après des méthodes différentes et de valeur inégale. Il était donc très désirable que celui qui s’intéresse à ces questions, où l’avenir de la psychologie est engagée, pût trouver un résumé complet de ces travaux, donnant l’état actuel et fait par un homme ayant autorité en cette matière. Le nouveau livre de M. Buccola comble cette lacune. On y trouve rassemblé, classé et critiqué tout ce qui a paru sur la difficile question des expériences psychométriques[1]. Est-il nécessaire de dire par avance que l’auteur a ajouté beaucoup d’expériences et de recherches personnelles ? Ceux de nos lecteurs qui s’intéressent aux études relatives à la mesure des actes psychiques savent que M. Buccola en est le représentant le plus brillant et le plus actif en Italie.

Nous ne pouvons donner ici le résumé d’un gros volume plein d’expériences, de chiffres et de tableaux. Nous nous bornerons à indiquer l’ensemble des questions traitées, en insistant sur ce qui est propre à l’auteur et sur les recherches les plus nouvelles.

« La découverte de la loi du temps dans les phénomènes mentaux est au nombre des plus grandes conquêtes de la science moderne. La vitesse infinie de la pensée est une chose tout illusoire, qui s’évanouit devant la réalité des faits, lesquels démontrent que le temps est une fonction intégrante de tout mouvement dans la nature » (I, 25). Cette vérité scientifique ne s’est pas établie d’emblée. Encore au commencement du siècle, l’illustre physiologiste J. Müller ne soutenait-il pas que le temps nécessaire pour qu’une sensation produise un mouvement est infiniment petit et non mesurable (unendlich klein und unmessbar) ? Après avoir rappelé que la voie fut ouverte par des études en apparence très étrangères à la psychologie (la détermination de l’équation personnelle chez les astronomes) et retracé l’historique rapide de la question, M. Buccola expose les conditions expérimentales pour la recherche du temps psychique, décrit les appareils et accompagne sa minutieuse description de planches propres à la faire comprendre à tous ses lecteurs.

La première étude à faire est celle du processus psychique élémentaire. Le « temps de la réaction », appelé aussi quelquefois, « temps physiologique », désigne l’intervalle variable entre le moment où l’on excite un organe sensoriel et celui où le sujet de l’expérience réagit par

  1. Le seul travail qui ait paru, à notre connaissance, depuis le livre de Buccola est un mémoire de MM. Tigerstedt et Bergqvist, publié dans la Zeitschrift für Biologie. C’est le résumé d’expériences faites au laboratoire de l’Institut médico-chirurgical de Stockholm, sur la durée de l’aperception pour les représentations visuelles composées.