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ANALYSES.J. Frohschammer. Genesis der Menschheit.

III. Origine, développement et essence de la religion. — Ce livre est le plus considérable du présent ouvrage, dont il forme environ les trois cinquièmes ; l’auteur traite d’abord de l’origine de la religion en général : puis, passant aux religions particulières, il part du fétichisme, et, continuant par la religion chinoise, il expose tour à tour le contenu essentiel des religions sémitiques, de la religion égyptienne, de la religion des Indo-Européens et de la religion chrétienne. Il termine par des considérations sur l’essence de la religion et le rôle qu’y joue la « fantaisie », autrement dit sur la religion de l’avenir.

Voici quelques lignes empruntées à cette conclusion : « La fantaisie aura à jouer un rôle considérable, disons le rôle principal, dans l’établissement et dans l’organisation de la religion de l’avenir comme c’est aussi généralement le cas dans la nature et dans l’histoire et comme, en fait, elle a joué, dès le principe, le rôle principal sur le terrain religieux. Mais, tandis que dans les religions antérieures elle opérait surtout d’une façon « fantastique », tantôt représentant ce qui n’est pas comme étant, tantôt personnifiant les causes et lois actives qui sont impersonnelles, elle doit aujourd’hui travailler à éclaircir les choses (verklärend zu wirken), en faisant de ce qui est en soi, de l’essence réelle des idées et de l’absolu lui-même un idéal pour la science et pour l’art et en élevant par là de plus en plus cet idéal à la fonction de force décisive dans l’histoire de l’humanité. »

L’ensemble du résumé donné par M. Frohschammer du développement religieux nous a semblé fait avec soin, sans dénoter une connaissance très approfondie. Nous ne discuterons pas sa conclusion, parce qu’il faudrait être sûr de l’avoir comprise. L’auteur se sépare nettement de M. de Hartmann en ce qu’il conserve le christianisme, au moins de nom. Quelle est exactement son attitude à l’égard du rationalisme ? Il n’est pas aisé de le dire ; cependant, à travers la phraséologie passablement compliquée des lignes que nous venons de citer tout à l’heure, il me semble voir prédominer une tendance intellectualiste bien marquée. — Au demeurant, beaucoup moins d’originalité et peut-être d’excentricité — dans ce gros volume que ne le ferait supposer la double thèse de la « fantaisie objective » et de la « fantaisie subjective » dont il est singulier que le titre ne souffle pas mot.

Les livres IV et V traitent de l’origine et du développement, l’un de la moralité, l’autre du langage.

M. Vernes.