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LE PROBLÈME DE LA DIVISION DES ARTS

DANS SON DÉVELOPPEMENT HISTORIQUE


La division des arts, la manière dont ils doivent être distingués, classés et coordonnés est un des problèmes les plus complexes et les plus difficiles de la science du beau. Il se pose, inévitablement, à la suite de la théorie de l’art en général. L’esthéticien est appelé à le résoudre quand, après avoir épuisé les questions sur l’art dans sa généralité, sa nature, son origine et son but, sa place parmi les autres formes de l’activité humaine, il entre dans le domaine des arts particuliers, qu’il essaye d’en faire la théorie, d’en déterminer les principes et d’en fixer les règles. Mais l’importance et les difficultés de ce problème n’ont été et n’ont dû être bien comprises qu’après que la science du beau et la philosophie de l’art ont vu le champ de leurs recherches s’agrandir, leurs découvertes se multiplier, et qu’alors la nécessité de comparer les arts entre eux, de saisir leurs rapports, de coordonner et de systématiser leurs résultats, s’est fait sentir comme dans les autres sciences. Par là même, c’est aussi une des questions dont l’état actuel résume le mieux les progrès de cette science, encore aujourd’hui si souvent contestés.

Nous nous proposons, comme nous l’avons fait pour d’autres sujets, d’en étudier la marche successive et le développement dans l’histoire ; nous serons forcé de remonter jusqu’à l’origine même de la science du beau, de la suivre dans ses phases et d’en parcourir rapidement les époques antérieures à la nôtre. Comme c’est en Allemagne qu’elle a été, dans ce siècle, spécialement cultivée, les œuvres de ses esthéticiens les plus éminents ou les plus célèbres des diverses écoles nous fourniront l’objet principal de cette étude. Le résultat sera de constater si, sur ce point important, l’esthétique est restée stationnaire, ou si elle a reçu des accroissements et des perfectionnements considérables, si par là lui est acquis le droit de s’asseoir à côté des autres sciences qui forment le domaine de la philosophie.