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le comporte l’obscurité des systèmes. Une troisième amélioration qui ajoute à la valeur et à l’intérêt du livre, c’est une extension plus grande donnée à l’exposé des doctrines morales de la philosophie grecque. Pourquoi M. Köstlin n’a-t-il pas cru devoir aussi développer la dernière partie, celle du néoplatonisme réduite à quelques pages tout à fait insuffisantes ? Malgré ce défaut regrettable de proportion, il n’est pas douteux que cette histoire n’obtienne un succès pour le moins égal à celui des éditions précédentes. On ne peut que le lui souhaiter, dans l’intérêt de l’étude sérieuse de la philosophie ancienne.

Ch. Bénard.

Ed. Zeller. La Philosophie des Grecs. Première partie, tome deuxième ; traduite de l’allemand par M. Émile Boutroux. 1882. Paris, Hachette et Cie.

M. Boutroux et avec lui, sous sa direction, d’anciens élèves de l’École normale supérieure, continuent la traduction du grand ouvrage de Ed. Zeller : La Philosophie des Grecs. Nous avons déjà rendu compte du premier volume de cette traduction, qui a paru en 1878 (voy. tome V, p. 337 de la Revue). On se rappelle que l’historien, après avoir fait connaître, dans son introduction, sa manière de concevoir l’histoire de la philosophie, la méthode qu’elle doit suivre, les caractères généraux de la philosophie grecque, ses origines, ses périodes principales, aborde l’histoire des écoles grecques avant Socrate. Le tome Ier de la traduction française contient seulement les Ioniens et les Pythagoriciens. Le second, celui qui vient de paraître, nous fait connaître les Eléates, Héraclite, Empédocle, les Atomistes et les Sophistes. Nous n’avons pas à revenir sur ce qui a été dit, dans notre premier article, des mérites supérieurs d’un livre dont la célébrité dispense de faire l’éloge. Les qualités de la traduction n’ont pas besoin non plus d’être relevées. Les mains auxquelles elle est confiée sont une garantie suffisante qu’elle ne laisse rien à désirer. Dans l’intérêt d’une plus grande clarté et pour mieux faciliter au lecteur français le recours à l’original, M. Boutroux a cru devoir ajouter des sous-titres qui soulagent en effet l’attention et aident la mémoire. C’est la seule modification apportée au texte. Le tout est fidèlement conservé et reproduit avec une scrupuleuse exactitude.

Nous ne pouvons nous livrer ici à l’examen des matières contenues dans ce volume, dont la partie la plus intéressante et la plus étendue est le chapitre consacré aux sophistes. On nous permettra de faire seulement quelques réflexions sur la manière dont le savant auteur l’a traitée.

M. Zeller fait d’abord connaître les origines de la sophistique. Il montre ce qu’étaient chez les Grecs la philosophie et la vie pratique avant les sophistes, la révolution intellectuelle et morale qui s’accomplit à leur apparition dans les idées et les mœurs grecques, et la relation des sophistes, avec les philosophies antérieures. Après avoir fait