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les autres par leur mutuel enchainement, ce livre, où tout est clair et sensé, nous semble propre non seulement à éclairer les esprits sur diverses questions théoriques de morale, mais à augmenter le nombre des intentions droites et des bonnes volontés dans la pratique du devoir.

F. B.

Dr Herm. Siebeck. Geschichte der Psychologie.Erster Theil : Die Psychologie des Alterthums und des Mittelalters. Erste Hälfte : Die Psychologie vor Aristoteles, Gotha, Perthes, 1880.

Le besoin d’avoir son histoire, nous dit M. Siebeck au début de ce livre, apparaît surtout pour une science quand elle est à la veille d’entrer dans une phase nouvelle de son développement. Là est en effet la raison et l’intérêt de l’ouvrage. Il est utile de jeter un coup d’œil en arrière et de mesurer la route parcourue au moment de changer de direction. Depuis le commencement du siècle, ajoute l’auteur, la psychologie s’est séparée du tronc commun de la philosophie générale, elle a limité son domaine et trouvé sa méthode. En un mot, elle est devenue une science spéciale, et, grâce à l’expérience, les résultats auxquels elle a pu parvenir demeurent indépendants des diverses théories métaphysiques. « Les différents courants de ses recherches actuelles vont tous se jeter dans le fleuve commun d’un monisme anthropologique. » Nous ne chercherons pas chicane à M. Siebeck sur ce que cette dernière assertion peut avoir de contraire, au moins dans la forme, aux considérations qui précèdent, d’autant plus que, dans le cours de l’ouvrage, c’est aux progrès de la seule connaissance des faits qu’il attachera toute l’importance.

Cette histoire de la psychologie, dont une partie seule à paru, se distingue déjà des autres tentatives de ce genre, en ce que l’on y trouve exposés aussi les débuts et le développement des sciences particulières relatives à l’homme, telles que la physiologie et la médecine. De plus, les doctrines diverses n’ÿ sont pas seulement étudiées chacune pour elle-même ; l’auteur s’est efforcé d’en saisir la suite et d’en marquer le progrès. Ce n’est pas en effet un des moindres mérites de M. Siebeck que d’avoir su relier par des considérations souvent justes et profondes les résultats de ses nombreuses recherches et d’avoir dégagé de la multitude des textes l’idée qui risquait de s’y ensevelir.

L’ouvrage entier, qui promet d’être considérable, doit comprendre trois parties. Le premier volume, dont une moitié seulement est publiée, prend la psychologie à sa naissance dans la pensée de l’humanité primitive, l’accompagne dans le monde grec et romain, et la conduit avec la scolastique jusqu’à la fin du moyen âge. Le second volume nous en retracera les développements successifs depuis la Renaissance jusqu’à l’époque de Kant. Enfin le troisième présentera le tableau des diverses doctrines psychologiques du xixe siècle.