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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


A. Réville. Prolégomènes de l’histoire des religions. Paris, G. Fischbacher, 1881, iii-321 p. .

On se souvient des débats animés que souleva, il y a deux ans, la proposition de créer au Collège de France une chaire d’histoire des religions. Le sentiment scientifique est encore si peu développé pour tout ce qui touche les choses de la psychologie, que les meilleurs esprits, dans les divers partis, avaient peine à comprendre que l’histoire de la religion pût et dût faire l’objet de recherches désintéressées, et c’était un enseignement de combat que redoutaient les uns et qu’appelaient les autres. Le cours de M. Réville aura, nous l’espérons, mis un terme à ces craintes et à ces espérances : le livre que nous annonçons, et qui représente les leçons du premier semestre du cours nouveau, est un modèle d’impartialité philosophique que l’on ne saurait trop louer. L’éminent professeur a su concilier sans embarras le respect qui est dû par l’enseignement de l’État aux manifestations de la conscience religieuse, avec l’absolue liberté scientifique qui est le premier droit et le premier devoir du savant. C’est un grand service rendu à l’enseignement nouveau : le public commence à soupçonner que l’histoire des religions n’est pas nécessairement un champ de bataille et qu’au-dessus de l’apologiste et du polémiste il y a place à l’historien, qui n’a les passions ni de l’un ni de l’autre, qui s’inquiète peu de la vérité en soi des choses qu’il étudie, mais seulement de leur histoire et de leurs destinées.

Ces prolégomènes se divisent en deux parties : dans la première, M. Réville analyse les diverses définitions qui ont été données de la religion et donne la sienne propre ; il expose et discute les diverses théories qui ont été proposées sur l’origine de cet ordre de faits, présente une classification des religions, Dans la seconde partie, il passe en revue divers éléments de la religion constituée, le mythe, le symbole et le rite, le sacrifice, le sacerdoce, le prophétisme, l’autorité religieuse, et examine ses rapports avec la théologie, la philosophie, la morale, l’art, la civilisation, la science. M. Réville, comme on le voit, l’est pas encore entré dans l’histoire proprement dite : quatre chapitres