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revue des périodiques

« Première expérience. Avant l’arrivée de M. Pouchet (les membres de la commission étaient MM. Pouchet, Javal et Dumontpallier), la malade étant amenée par hypnotisation en état de catalepsie, il convient de noter ici qu’elle s’est endormie pendant que M. Javal regardait son visage. M. Dumontpallier a déclaré que le pied bot du pied gauche disparaîtrait sous l’influence du regard de M. Javal. MM. Dumontpallier et Magnin étant derrière lui, M. Javal s’est mis dans la position prescrite, et, après environ deux minutes, l’expérience a pleinement réussi. Mais M. Javal a déclaré qu’il avait tenu les yeux fermés tout le temps ( !….). M. Dumontpallier a fait remarquer que le résultat pouvait être dû à l’action des lunettes de M. Javal ( !) ou à celle de son regard à travers les paupières fermées ( !…) »

Deuxième expérience. — M. Pouchet se charge de répéter une expérience analogue en regardant tendon du jambier antérieur. Mais, au lieu de regarder la malade, il lui tourne le dos. Le phénomène annoncé par M. Dumontpallier ne s’en produit pas moins. Ce sont encore les lunettes de M. Javal qui sont incriminées.

Nous ne rapporterons pas les autres expériences, qui désormais n’ont plus d’intérêt. Celles que je viens d’analyser suffisent pour discréditer la question, qui est probablement ajournée pour longtemps.

Ajoutons du reste qu’un savant comme M. Charcot était venu à plusieurs reprises déclarer que les expériences qu’il avait faites à la Salpêtrière n’avaient rien de commun avec celles de M. Dumontpallier.

Notre collaborateur M. Pouchet a, dans une courte note, essayé de donner la raison des faits que M. Dumontpallier avait si étrangement interprétés. Il suppose que la malade endormie, hypnotisée conserve dans une certaine mesure ses facultés de perception, de volition ; que les impressions reçues par les organes sensitifs de la malade étaient perçues par elle dans une certaine mesure et devenaient le point de départ d’actes voulus, vaguement voulus si l’on veut, plus ou moins pénibles, peut-être incertains dans l’exécution, et tout naturellement empreints de ce goût pour l’extraordinaire si fréquents chez les malades en question.

« Dans les expériences dont nous avons été témoins, ajoute-t-il, tout s’est passé comme si nous avions été en présence d’une être faible d’intelligence, de mauvaise foi, manifestant très bien quand il sait ce qu’on veut de lui, tâtonnant et donnant la moitié du temps à côté quand il ne le sait pas au juste, demeurant tranquille dès qu’on ne s’occupe plus de lui. »


L’Encéphale. Journal des maladies mentales et nerveuses. Sous la direction de MM. Luys et B. Ball. 1881. VI 188s. I.

La stigmatisée de S…, par M. Ball.

Contributions à l’étude de la structure de la cellule nerveuse, par M. J. Luys.