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revue des périodiques

Brain : A journal of neurology.

Janvier 1882.

Lauder Brunton. La position des centres moteurs dans le cerveau au point de vue des fonctions nutritives et sociales.

Les expériences de Ferrier et des localisations nous ont appris qu’il y a dans le cerveau autour de la scissure de Rolando des centres moteurs qui correspondent aux mouvements les plus différenciés de la face et des membres. M. Lauder Brunton fait ingénieusement remarquer que ces centres sont anatomiquement disposés suivant un ordre qui correspond à celui des mouvements qui traduisent les modes principaux et ordinaires de l’activité animale. La nutrition et les actes qui la préparent étant un de ces modes principaux de l’activité, on doit s’attendre, dit-il, à ce que les centres moteurs du cerveau soient disposés au point de vue de la préhension des aliments, et que les centres soient modifiés chez les différents animaux suivant la manière dont ils se procurent leur nourriture.

Si l’on examine les figures du livre de Ferrier, « on voit que chez le singe les centres se trouvent autour de la scissure de Rolando dans un ordre particulier, correspondant à celui qui serait nécessaire pour que l’animal prenne sa nourriture. » En irritant convenablement ces centres les uns après les autres dans l’ordre voulu, « les yeux s’ouvrent largement, les pupilles se dilatent, et la tête se tourne comme pour regarder la nourriture ; puis la main et les bras s’étendent comme pour la saisir ; le bras et la main sont ensuite ramenés vers le corps et en adduction ; puis la main se met en supination et l’avant-bras se fléchit comme pour porter la main vers la bouche ; puis l’angle de la bouche se rétracte et s’élève, les canines se découvrent, la bouche s’ouvre et effectue des mouvement de mastication, etc. »

Si l’on compare la disposition des centres moteurs du cerveau chez le chien ou le chacal à celle qui existe chez le singe, on est frappé par une curieuse différence. Chez le singe, les centres sont dans l’ordre que nous venons d’indiquer et se suivent sans interruption. Chez le chien, au contraire, il n’y a qu’un petit nombre de centres autour du sillon crucial (qui correspond au sillon de Rolando), et les autres sont situés plus bas dans une autre circonvolution.

Les centres qui entourent le sillon crucial répondent aux mouvements nécessaires pour voir la proie et la poursuivre activement. Les centres qui président aux mouvements des mâchoires et de la langue en sont séparés. C’est qu’en effet le chien, après avoir vu sa proie, doit courir longtemps avant de l’atteindre, et par suite avant de mettre en mouvement les muscles de la gueule et des joues qui lui servent à la saisir et à la dévorer. Aussi les centres qui répondent à ces deux temps sont-ils dissociés.