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ramène, sans se lasser, le lecteur dans ses principaux ouvrages.

Les deux derniers chapitres du 7e livre de la Morphologie posent les principes qui recevront plus tard leur complet développement dans l’Anthropogénie et la Psychologie cellulaire.

Déterminer la place de l’homme dans la nature, « c’est là le problème capital pour l’humanité, et, comme dit Huxley avec raison, le problème que tous les autres supposent et qui intéresse plus profondément qu’aucun d’eux[1]. »

L’anthropologie n’est plus qu’une branche de la zoologie, puisque l’homme n’est que le dernier anneau de la chaîne des animaux : elle aura, comme la zoologie, à rapprocher l’un de l’autre le développement autogénique du développement phylogénique. C’est dans histoire des espèces inférieures qu’elle cherchera l’explication des traits essentiels de l’espèce humaine : c’est à l’évolution des races humaines qu’elle demandera le secret de la conformation particulière des races actuelles. « Les différences entre les hommes inférieurs et les races les plus parfaites d’animaux ne sont que des différences de nature quantitative, et beaucoup moindres que celles qui séparent entre eux les animaux supérieurs et les animaux inférieurs.. Les différences qui existent entre les hommes supérieurs et les hommes inférieurs sont plus grandes que celles qui séparent les hommes inférieurs et les animaux les plus parfaits[2]. » La psychologie comparée n’est pas moins essentielle à l’étude psychologique de l’homme que la zoologie comparée à l’intelligence d’une espèce d’animaux quelconque. « De toutes les parties de l’anthropologie, aucune ne se ressentira autant des conséquences de la théorie de la descendance que la psychologie, cette partie difficile de la physiologie, qui traite des phénomènes de mouvement que présente le système nerveux central[3]… » — « Nous devons, si nous voulons bien comprendre l’activité psychique, si richement différenciée, si délicate de l’homme civilisé, non seulement suivre l’éveil graduel de ses facultés chez l’enfant, mais encore en analyser le développement progressif chez l’homme sauvage, et aussi chez les vertébrés, dont ce dernier est le descendant immédiat. » On a tort de refuser aux animaux les mêmes facultés de raisonnement qui se rencontrent chez l’homme : ils font, tout comme lui, des inductions et des déductions. Comme l’intelligence des animaux n’est pas, ainsi que la nôtre, enchaînée dès l’enfance dans

  1. Morph., t. II, p. 495.
  2. Morph. 435.
  3. Id., 434.