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A. ESPINAS. — études sociologiques en france

de l’association. Nulle part la pénétration mutuelle de la biologie et de la sociologie ne s’est montrée jusqu’ici aussi complète. C’est par la théorie de l’association qu’il explique, dans les amples considérations qui terminent son ouvrage, toutes les lois partielles reconnues par les biologistes soit au sujet de la physiologie des êtres vivants, soit au sujet de leur développement et de leur classification. L’indépendance des éléments anatomiques, l’hérédité, l’adaptation, le polymorphisme résultant de la division du travail, la solidarité organique, l’action réciproque des êtres vivants les uns sur les autres (sélection, etc.), la génération agame ou la génération sexuée, le principe de reproduction totale de l’individu composé par l’œuf et le principe de l’accélération métagénétique, qui dominent toute l’embryogénie, la loi de succession des formes, leurs rapports d’homologie et d’analogie, sont rattachés successivement avec succès à la théorie centrale et s’éclairent d’une plus vive lumière ainsi interprétées. Nous ne pouvons songer à reproduire ici ; même en abrégé, cette sorte d’encyclopédie biologique ; nous devons aller tout droit aux conclusions ultimes du livre, c’est-à-dire à la théorie de l’individualité, qui en fait réellement l’objet. Voyons si la méthode, qui est bonne, a été fidèlement appliquée.

L’individu, pour M. Perrier, est une « association de parties combinées de manière à former un tout capable de vivre par lui-même sans aucun secours physiologique et de reproduire des associations semblables à elle-même » (p. 766). Ainsi l’interdépendance, la solidarité des parties poussée à un point tel que le tout puisse vivre seul, tel est le signe caractéristique, telle est la marque décisive de l’individualité. Les animaux monocellulaires en jouissent ; ils forment donc la première catégorie d’individus, les plastides. Quand les plastides en se groupant ont atteint un degré de polymorphisme suffisant, ils forment une nouvelle catégorie d’individus, les mérides ; il y en a six types : 1o les Protascus, dont les olynthus sont la plus simple modification et dont les groupements variés ont produit les éponges ; 2o les Prohydra, ancêtres de l’hydre d’eau douce et de tous ces acalèphes, Polypes hydraires, Méduses, Cténophores, Siphonophores et Coralliaires ; 3o les Procystis, précurseurs des Cystidés et de tous les Echinodermes ; 4o les Proscolæ, dont les Tubellariés, les Trématodes et les Cestoïdes sont les descendants ; 5o les Pronauplius, d’où sont sortis les nauplius, générateurs de tous les animaux articulés ; 6o les Protrocha, qui, après s’être transformés en trochosphères, ont été à l’origine, suivant qu’ils se sont fixés ou sont demeurés libres des Bryozoaires, des Annélides, des Brachiopodes, des Mollusques, des Vertébrés et des Tuniciers. Les Mérides en se grou-