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ces, 1 m. 50 de long). Bref, les anneaux sont encore trop individualisés dans cet ordre — tous ont des yeux et des oreilles chez plusieurs espèces — pour que l’individu total se subordonne les diverses parties d’une manière décisive.

Les Echinodermes et les Mollusques apparaissent à M. Perrier comme deux rameaux extrêmement divergents de la branche des annélides. Ce sont aussi des animaux composés.

Les bras des Astéries, en nombre variable, ont gardé le pouvoir de se multiplier par bourgeonnement. Un bras reproduit l’astérie tout entière. Les Oursins appartiennent au même type ; seulement les rayons ont perdu cette faculté de reproduction agame, et leur nombre est devenu fixe. Les Holothuries ont également des parties homologues à celles des astéries ; mais la mollesse de leurs téguments et leur séjour sur le sol leur ont conservé la symétrie bilatérale et la forme de vers : certains vers, les Siponcles et les Bonellies leur ressemblent tellement que M. de Quatrefages leur a donné le nom de Géphyriens, parce qu’ils offrent un passage (un pont) entre le type annélidien et le type échinoderme. Poussant plus loin cette réduction, M. Perriermontre, dans les Crinoïdes les plus anciens, les échinodermes réduits d’abord à la partie centrale, sur laquelle bourgeonne ultérieurement la couronne des rayons. Cette couronne est à l’origine un groupe d’individus sexués qui se détache ; la comatule voyage comme la méduse ; la partie centrale pédonculée reste fixe : c’est l’individu nourricier, chargé à l’origine de digérer pour la colonie ; il contient toujours les organes de la digestion. Par un rapprochement accompagné d’échange, les deux groupes de fonctions et les deux individus se sont fusionnés, ainsi que nous venons de voir la chose se passer chez l’Autolyte. La couronne, la fleur voyageuse prête au disque central ses organes de locomotion ; celui-ci étend sa cavité digestive jusque dans les bras et leur communique son pouvoir de multiplication agame : voici l’astérie. Les bras se fondent de plus en plus étroitement avec le disque, ils sont réduits de plus en plus à l’état d’organes locomoteurs et la division du travail avec le polymorphisme qu’elle entraîne, jointe à l’abréviation des phases embryonnaires, interdit tout autre mode de reproduction que la reproduction sexuée : voici l’oursin. L’embryologie confirme ces vues. « L’échinoderme se forme en deux temps : la partie centrale d’abord, les rayons ensuite. La partie centrale n’est que le produit d’une métamorphose de la larve ; elle a droit, comme elle, à la qualification d’individu. Les rayons se forment par bourgeonnement sur cette dernière : ce sont eux-mêmes de véritables individus, On ne peut donc échapper à cette conclusion que l’échinoderme est formé