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aspect diffèrent : certains d’entre eux se spécialisent au point de devenir de véritables œufs. La çavité centrale (corbeille vibratile), les canaux, l’oscule, les masses sarcodiques, les cellules mères concourant au travail commun par des opérations variées, subordonnant leur mouvement à l’accomplissement des fonctions diverses de nutrition, de reproduction et de défense, sont donc de véritables organes. L’embryon qui s’en échappe est semblable à l’embryon des animaux supérieurs, et, quand il se développe, il traverse les mêmes phases et s’édifie sur le même plan que l’embryon des organismes les plus élevés au début de son évolution, Mais jusqu’ici nous n’avons décrit que l’éponge simple. À leur tour, les Olynthus s’unissent pour former des individualités nouvelles ; à leur tour ils présentent tous les degrés de fusion et d’organisation que leurs éléments amiboïdes et flagellifères ont présentés antérieurement, et c’est ainsi qu’à travers mille formes plus ou moins centralisées ils sont arrivés à reproduire, mais à un degré de composition supérieur, la forme même de l’éponge simple dans la famille des Sycones. Ce serait là le dernier terme de l’évolution des éponges.

Remarquons-le dès maintenant, l’éponge type, l’Olynthus ne grossit pas indéfiniment. Pour obtenir un volume plus considérable, il faut que cette forme de vie s’associe avec des formes semblables à elle, comme la cellule a dû s’associer avec des cellules pour dépasser la taille invariable qui lui a été dévolue. Les moyens d’existence dépendent de l’organisation ; mais la complexité organique ne dépend pas du nombre des éléments, elle dépend de l’aptitude à la variation de ces éléments, c’est-à-dire de leurs facultés héréditaires. Quand donc l’organisme croît rapidement en volume, comme il ne peut croître aussi vite en complexité organique, il est au-dessous de la tâche que cette nouvelle condition lui impose, il doit périr ou coloniser. Aux divers degrés de groupements sociaux ; l’association est donc nécessitée par la limitation de la taille des organismes. Les deux lois sont corrélatives[1].

« Supprimez les bras d’une hydre, faites abstraction des nématocystes, il reste un organisme qui n’est pas sans de réelles analogies avec l’Olynthus, forme typique des éponges. Dans les deux cas, l’organisme tout entier se trouve réduit à une sorte de sac dont les parois sont constituées par deux couches superposées de cellules, séparées par une couche moins distincte, où se développent des spicules chez les éponges, des fibres contractiles plus ou moins nettes chez les

  1. Colonies animales, p. 708. Sociétés animales, p. 524. Il serait trop long de signaler toutes les coïncidences entre le travail de M. Perrier et le nôtre.