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parmi eux, si ce n’est au moment de l’ovulation, où les zoospores sont contenues dans la sphérule enkystée. — Puis les Schizomycètes (microbes), qui font retour à la division simple et vivent presque tous isolés, à moins qu’ils ne forment de petites colonies linéaires, à la façon des bactéridies[1]. — Puis les Radiolaires, encore exclus de la vie sociale par la gracilité de leurs pseudopodes, qui ne se prêtent pas à des adhérences solides et s’opposent à la formation d’enveloppes communes. — Enfin les Foraminifères, dont les larges pseudopodes auraient pour des raisons contraires donné naissance à une série sociale régulière, si toutefois les foraminifères dits agrégés ne sont pas, comme le pense Hertwig, des cellules uniques, avec un seul nucleus voyageant dans les carapaces multiloculaires. — Les Infusoires sont les géants de cette création microscopique : À quel règne appartiennent-ils ? végétaux ? animaux ? Que sont-ils ? Ni l’un ni l’autre. Ils sont antérieurs à cette distinction. Toujours est-il que beaucoup d’entre eux sont incontestablement sociaux où poly-cellulaires. La vie de ces agrégats est décrite ici dans toutes ses phases connues, et de belles gravures permettent de retenir leurs formes caractéristiques (p. 119 et 428), qu’il s’agisse de sphères, comme chez le Volvox, de ramures, comme chez la Dendromonas, ou de tablettes, comme chez le Gonium. Nous aurons du reste l’occasion de revenir aux infusoires.

Peut-être y at-il quelque excès dans cette abondance de descriptions. Le but de M. Perrier est de rechercher l’individualité ; ne s’en laisse-t-il pas distraire quelquefois ? À quoi servent par exemple, ce but étant posé, la longue discussion sur la formation du squelette chez les Radiolaires et le chapitre, brillant d’ailleurs, sur la différence des végétaux et des animaux ? Il suffisait d’indiquer la priorité des êtres qui échappent à cette différenciation par rapport à ceux qui l’ont subie ; quelques mots à ce sujet eussent obtenu l’assentiment du lecteur. À côté de ces hors-d’œuvre, on aperçoit quelques lacunes. Nous ne pouvons comprendre comment M. Perrier a négligé de chercher les causes qui déterminent la formation des groupes sociaux dans cette région du domaine de la vie. Deux hypothèses peuvent être soutenues à ce sujet. On peut dire que les individus composants restent accolés comme subdivisions d’un individu souche, parce que la nutrition trop abondante a devancé le processus de division et rendu la séparation inutile ; dans ce cas, la loi de Dujardin, qui rattache à l’épigenèse la naissance de toutes les sociétés de Protozvaires, devra être acceptée ; c’est ce que nous avons

  1. Dans les cultures artificielles les filaments des bactéridies atteignent une très grande longueur.