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SECRÉTAN. — le principe de la morale

totalité de l’expérience dans ce qu’elle a d’applicable à notre dessein. Le principe de la morale comprendra donc d’une part la pure idée de l’obligation, sans laquelle un art de la vie est inconcevable, de l’autre la conception générale du monde, à la formation de laquelle cette même idée de l’obligation ne saurait rester étrangère.

Nous nous engagerions dans un chemin sans issue en cherchant à déduire ici le concept théorique dont il est besoin. Il s’annonce comme un résultat de l’expérience ; c’est donc la totalité de l’expérience qu’il s’agit d’exprimer maintenant. Fatalement la forme de cet énoncé est condamnée à rester arbitraire, car rien ne marque par où nous devrions commencer. La nécessité nous oblige à poser ici le théorème avant une démonstration, dont nous ne pourrons plus tard qu’ébaucher l’esquisse. La méthode la plus sévère nous autorise à suivre cette marche. Nous formulons donc, sans plus attendre, la donnée expérimentale, en disant : Je me reconnais comme élément libre d’un tout. D’où suit le principe cherché : Je dois me vouloir moi-même, je dois me réaliser, je dois me conduire comme élément libre d’un tout. Ou autrement : « Je dois chercher la réalisation complète, la vérité, le bien du tout. Je dois chercher ma réalisation, ma vérité, mon bien propre, dans la réalisation, dans la vérité, dans le bien du tout. »

Ch. Secrétan.
(À suivre.)