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dimensions ? Quel était le degré de transparence de l’enveloppe feutrée (πίλημα) qui les constituait et dont nous devons assimiler la consistance à celle des nuages ?

M. Teichmüller a bien voulu, sur ma prière, me préciser, dans une lettre particulière, ses idées sur ce point. La hauteur des cerceaux serait relativement peu considérable, ce qui concorde avec leur assimilation à la roue d’un char ; ils seraient disposés obliquement, l’anneau solaire suivant l’écliptique, l’anneau lunaire suivant l’orbite de notre satellite, l’anneau lacté comme nous le voyons.

Chacune des trois enveloppes feutrées serait assez épaisse pour masquer, en dehors de ses ouvertures, le feu qui circule à son intérieur, mais assez transparente pour laisser voir les flammes plus lointaines et plus puissantes, dont l’éclat fait pâlir et efface les inférieures. Ainsi la sphère étoilée, là où le feu est le moins actif et le moins pur, ne crée aucun obstacle pour la vision des disques de la lune et du soleil ; l’anneau de la lune, d’ailleurs placé obliquement par rapport à celui du soleil, ne doit pas éclipser l’astre du jour.

On nous permettra de faire quelques réserves, ne fût-ce que pour faire mieux ressortir, par la discussion des thèses opposées, la haute valeur de ces opinions.

Dans l’exposé que nous avons fait de l’explication par le Milésien de la lumière des astres, nous avons admis que le courant subtil à l’intérieur des cerceaux, courant qu’Anaximandre appelle feu (πῦρ), ne devenait lumineux, ne s’enflammait (φλόξ) qu’à la sortie, en jaillissant par l’étroite ouverture comparée au tuyau d’une flûte (Plutarque, De plac. phil., II, 20) ou d’une trompette (Achilles Tatius, 49). Dans cette hypothèse, les enveloppes feutrées pourraient toutes être également transparentes.

L’opinion que nous émettons ici s’accorde suffisamment avec l’emploi postérieur du mot πῦρ dans le langage scientifique des anciens. Il serait surabondant d’accumuler des preuves pour établir que ce terme désigne, en général, une matière non pas incandescente, mais susceptible de le devenir très facilement.

Ce sens remonte-t-il jusqu’à Anaximandre ? Sans en avoir de preuves directes, nous pouvons mieux, ce semble, interpréter ainsi son explication de l’éclair, conservée par Hippolyte et Galien (I. c).

« Les éclairs ont lieu, dit le premier, quand le vent, tombant sur les nuées, les entr’ouvre. » Le second est plus précis : « Anaximandre attribue tout cela au vent survenant, alors que, enveloppé dans une nuée épaisse, il s’échappe avec force, grâce à sa subtilité et à sa légèreté ; alors le déchirement produit le bruit, et l’expansion