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LA RENAISSANCE DU MATÉRIALISME[1]


I

« Au relèvement de la France, à la reconstitution de nos forces et de notre tempérament correspond un double retour vers la politique et la philosophie radicales. Partout se reforment des groupes qui réclament l’application plus rapide et plus énergique des principes républicains, et partout ces avant-gardes arborent le drapeau de la libre pensée.

« Ce drapeau est le nôtre. Il est juste, il est opportun, puisque ce mot est à la mode ; de rappeler aux générations qui le relèvent l’œuvre et le nom des humbles combattants qui ne l’ont jamais abandonné. Nous l’avons déployé en face de l’Empire encore puissant, nous l’avons conservé intact au milieu de nos malheurs et de notre gâchis fusionniste, clérical et sénatorial. Le groupe initial créé en 1866, battu par l’orage, a résisté aux dispersions, aux défections, à la mort, il s’est accru et rajeuni. Il n’a laissé passer aucune occasion de manifester sa vie persévérante. La Ligue des droits de Paris, les élections municipales, l’élection Barodet, le centenaire de Voltaire, la grande édition de Diderot, cette Bibliothèque Reinwald qui ressuscite l’Encyclopédie tuée par l’invasion prussienne, l’éclosion récente des sociétés de libres penseurs, tels sont les événements, les entreprises politiques, scientifiques, littéraires, qui procèdent plus ou moins directement, plus ou moins consciemment du germe obscur déposé il y a quinze ans dans l’esprit de la jeunesse par quelques irréguliers hardis et sincères.

« Le cataclysme de 1870 a rompu la tradition matérialiste. Nous la relions, afin que ceux qui ont été à la peine soient à l’honneur. »

  1. André Lefèvre. — La renaissance du matérialisme. — La philosophie. — Letourneau. — Physiologie des passions, 2e éd. — Science et matérialisme. — La sociologie d’après l’ethnographie. — De Lanessan: Revue internationale des sciences biologiques.