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l’erreur, c’est-à-dire d’indiquer précisément le point illégitime d’un raisonnement, sont loin d’être parfaits en pratique. L’auteur donne brièvement quelques indications à ce sujet.

A. W. Benn. Rapports de la philosophie grecque et de la pensée moderne (1er art.). Après quelques considérations sur l’influence de l’antiquité pendant le moyen âge et à l’époque de la Renaissance, l’auteur aborde Bacon. Li fut un aristotélicien, quelque paradoxale que cette dénomination paraisse. Cette idée que l’auteur du Novum organum a été le père de la science moderne disparaît : elle était due à la coalition des littérateurs qui ne savaient rien des sciences physiques et des physiciens qui ignoraient l’histoire de la philosophie. Bacon doit à Aristote : son idée d’une Historia naturalis, philosophiæ materia prima à l’Histoire des animaux ; — sa distinction de la matière et de la forme ; — sa confusion entre l’induction et l’élimination, etc., etc. Le mot d’Harvey sur Bacon, (il parle de la nature comme un lord chancelier) est plus profond que Harvey ne le pensait : Bacon traite la nature en homme d’État, comptant sur elle pour alimenter le trésor public ; en légiste, considérant la nature comme une personne qui possède de grands secrets et à qui il faut les extorquer.

M. Benn montre l’influence du platonisme sur Bruno, Keppler, Galilée, qui admire Aristarque et Copernic d’avoir rejeté les données du sens : « Non posso trovar termine all' ammirazione mia, come abbia possuto in Aristarco e nel Copernico far la ragione tanta violenza al senso che contro a questo ella si sia fiatta padrona della loro credulità. » (Dialoghi.)

En ce qui concerne Descartes, l’auteur trouve que le doute cartésien déjà dans saint Anselme) est d’origine platonicienne ; que le Timée a eu une grande influence sur la conception du monde ; la distinction absolue de la pensée et de la matière vient des stoïciens et des épicuriens.

Dans les « Notes et discussions », signalons un article de Frankland intitulé : Le Prof. Royce sur le Mind stuff et la réalité, qui se rapporte à la discussion sur Clifford, L’auteur regrette que ce que M. Taine a exprimé le premier (1870) dans son traité, De l’intelligence[1], tom. I, IV, 2, sur le « mind stuff », soit si peu connu, et il montre par une citation combien sa doctrine se rapproche de celle de Clifford.

Notices critiques. — Le Père Harper : La métaphysique de l’École (tome Ier). — Lange : Histoire du matérialisme (trad. angl.). — Schurmann, La morale de Kant et la mémoire de l’évolution. — H. Marion : La solidarité morale (par E. Pollock).

  1. Ce passage se trouve dans la 3e édition de l’Intelligence, tome I. p. 343 et suiv.