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G. SÉAILLES. — les méthodes psychologiques

simultanées : pour ce qui est des associations successives, nous avons dans les lois de l’association, dans les règles de formation des concepts et des jugements, des résultats précieux, mais qui malheureusement n’ont pas été acquis par une méthode scientifique. Il faut bien avouer que les méthodes de la psychologie expérimentale ne peuvent s’appliquer aux formes supérieures de la pensée. M. Wundt voudrait du moins que dans la mesure du possible on remplaçât l’observation intérieure, les divinations de la réflexion individuelle par une méthode objective, qui permit de regarder l’esprit pour ainsi dire du dehors et qui rendit possible la vérification des résultats acquis. « Pour ce qui est des associations, conditions de toutes les fonctions supérieures de la pensée, la seule route qui puisse conduire à des résultats concluants sur leurs formes, sur leurs mutuels rapports, sur leur dépendance des aptitudes individuelles et de l’état du développement de la conscience, paraît être la méthode statistique, la collection d’un nombre suffisant d’exemples particuliers, accompagnés des renseignements nécessaires sur les conditions de leur apparition. » L’étude des maladies mentales fournirait des documents précieux sur les particularités individuelles. Ce qui nous paraît surtout fécond dans les indications rapides de M. Wundt sur ce sujet, c’est la conception d’une psychologie du langage qui observerait dans le langage la pensée concrète, visible, comme matérialisée, et par une étude objective y découvrirait les lois de la pensée subjective. Il semble toutefois que dans cette psychologie des langues, qui ne peut manquer de naître, l’observation intérieure gardera un très grand rôle, qu’elle restera le vrai principe des découvertes, la source des hypothèses fécondes. La méthode sera surtout objective, en ce sens que les réflexions de l’esprit sur lui-même seront suggérées et contrôlées par les faits. La psychologie par l’étude du langage sera une psychologie vérifiée.

La mesure de la durée des actes psychiques nous ramène à la psychologie expérimentale : deux méthodes d’expériences sont possibles : 1o méthodes de réaction ; 2o méthodes de comparaison. Les méthodes de réaction supposent qu’on a déterminé la durée d’un fait relativement simple, en réalité très complexe, que nous appelons la réaction simple. À une excitation sensible le sujet doit répondre aussi vite que possible par un mouvement déterminé d’avance : le temps qu’exige cet acte de réaction simple est facile à déterminer au moyen d’un instrument chronométrique qui enregistre le moment de l’excitation et le moment de la réaction. Ceci posé, nous pouvons nous faire une idée de la méthode : on ajoute à l’ensemble de faits physiques et psychiques que comprend la réaction simple certains faits