Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 13.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
revue philosophique

ce grand travail est de recueillir les connaissances les plus exactes sur les indigènes américains, et de conserver à l’histoire l’ethnologie de peuples qui vont disparaissant, et qui, avant de disparaître, subissent en grande partie l’influence de la civilisation envahissante (critique par G. Sergi).

Le bien et la loi morale. Éthique et téléologie, par Mme Clémence Royer. L. Arréat donne de ce livre une appréciation très favorable. L’auteur, qui ne détache pas la morale des sciences naturelles, à pourtant construit ici un système métaphysique : après avoir essayé de résoudre l’antinomie du bien et du mal, du plaisir et de la douleur, dans les limites de notre espèce, Mme Clémence Royer étend le problème à l’ordre total du monde organique et inorganique. Avec quelques fortes réserves, le critique apprécie ce que la conception métaphysique qui se présente ici ajoute à notre connaissance expérimentale du monde moral, en quoi elle contribue à la combinaison pratique de l’antinomie du bien et du mal, et ce qu’elle vaut comme influence motrice de notre volonté morale.

Les religions des peuples civilisés de l’Europe dans leurs origines historiques, par J. Lippert (critique de M. Kerbaker). La tendance spiritualiste de l’auteur contraste peut-être avec la direction naturaliste de la mythologie comparée. Le système de M. Lippert met devant la conception mythique un fait psychologique : le culte rendu aux âmes des morts ; d’abord vénérés comme génies de la famille, ils deviennent ensuite les dieux tutélaires ou dieux propres de la tribu, de la race, de la nation, et, avec le progrès de la généralisation, les puissances maîtresses et modératrices de l’univers. L’auteur cherche les traces de son idée chez les principaux peuples européens, et il y trouve véritablement tout son fait, donnant aux matériaux recueillis par la philologie indienne une interprétation bien différente de celle qu’ils avaient eue jusqu’ici. Cette explication théologique est au fond la thèse proposée par M. Herbert Spencer dans ses Principes de sociologie, et l’on s’étonne que le critique n’ait pas trouvé dans cette rencontre une occasion de rendre à chacun ce qui lui est dû. Résumant ses impressions, il dit qu’il regrette de voir un homme aussi savant que Lippert mettre si mal à propos au service d’un système préconçu son érudition profonde, et spécialement pour ce qui regarde les rites et les coutumes funéraires des anciens peuples slaves, germains, grecs et italiens.

L’habitude et son importance pour l’éducation, par P. Radestock. Le professeur Andrea Angiulli juge avec compétence et impartialité ce livre, résume des doctrines déjà établies par la science, qui peut rendre de très grands services à ceux qui ont besoin d’acquérir des notions précises dans cet ordre d’études. Il reproche cependant à l’auteur de ne pas pénétrer assez profondément dans la région explicative des habitudes psycho-physiques, et par suite de ne pas parvenir à former une conception vraiment claire et complète de l’éducation,