Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 13.djvu/340

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
revue philosophique

relles ; par exemple, trouver des gaz qui pourront être comprimés au moyen du vent, des courants d’eau, des cascades, être conservés dans des récipients et envoyés au loin, comme on envoie aujourd’hui dans les plus lointaines contrées le vin et le grain. Quant à l’électricité, Le Bon estime que nous ne pourrons pas l’utiliser beaucoup plus qu’à présent comme force motrice. Telle n’est pas la manière de voir de d’Arsonval.

Nous pouvons, dit-il, brûler impunément le charbon de terre ; nous ne mourrons pas pour cela de faim ni de froid. Il fonde ses expériences spécialement sur les applications de l’électricité. Par elle seule, nous arriverons à utiliser toutes les forces naturelles, à les condenser, les transporter, les diviser et les graduer selon nos besoins. Répondant aux objections de Le Bon, il soutient que c’est une erreur de croire que le transport de la force à distance exige un grand conducteur, que dans le transport de l’énergie sous forme électrique la production utile est indépendante de la résistance ; que la force transmissible par un conducteur est indépendante de la résistance et par suite de la longueur de ce dernier ; que la perte produite par l’échauffement du conducteur peut être rendue aussi petite qu’on voudra ; qu’il est parfaitement inutile d’employer de gros conducteurs.

En résumé, le problème des forces de l’avenir, selon E. Morselli, admet en réalité, à l’heure qu’il est, deux solutions ; l’homme pourra utiliser les manifestations diverses de l’énergie solaire : premièrement, par l’emploi de l’air comprimé au moyen des forces naturelles dans de vastes réservoirs, et transmis de loin en loin au moyen des tubes ; secondement, par l’emploi de l’électricité créée par le jeu de machines dynamo-électriques mises en mouvement par des agents naturels, et transmise de loin au moyen de conducteurs. Ce sont là deux théories qui ne s’excluent pas, mais qui se prêtent mutuellement appui.

Revue analytique. — Théorie physiologique de la perception, introduction à l’étude de la psychologie, par G. Sergi, xx-330 p. , Milan, 1881. Selon G. Sergi, l’onde nerveuse, provoquée par l’action des stimulus externes, arrive en se resserrant dans les parties déjà spécialisées du cerveau ; elle y éprouve comme une sorte de résistance et se réfléchit vers le point de départ, d’autant plus vile que la substance nerveuse, excitée par le mouvement centripète, n’est pas encore revenue à l’équilibre et ne lui offre qu’une résistance minime ou nulle. Dans la phase centripète, la sensation a déjà perdu son caractère vague et indécis, en atteignant les parties spéciales du cerveau, et elle en a acquis un spécial suivant la nature de l’organe périphérique. La réflexion du courant excitateur constitue, selon l’auteur, l’élément essentiel de la perception, ou, pour mieux dire, engendre la relation d’espace tant sur l’appareil du sens (localisation sur l’organe sensoriel) qu’en dehors de lui (localisation par projection). Dans ce dernier cas, prenant l’œil comme exemple, le cours centrifuge de l’onde nerveuse est continué dans la direction pro-