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PÈRIODIQUES.Rivista di filosofia scientifica.

Revue synthétique. — E. Morselli : L’avenir de ln puissance humaine sur la nature. Quelles seront dans l’avenir les forces naturelles dont l’homme disposera pour lutter victorieusement contre la nature qui l’environne et s’en rendre de plus en plus maître ? Ces forces ne sont que des aspects divers de l’unique énergie existant dans la matière ; elles se réduisent, à bout de transformations, en une seule énergie : le moment de la matière. Sur la terre, il n’y a pas d’autre Source autonome d’énergie que le charbon de terre ; toutes les autres forces dont nous disposons sont des transformations de la chaleur et de la lumière du soleil ; les forces provenant de l’énergie cosmique latente dans la masse interne du globe, les tremblements de terre, les volcans, n’ont pas été jusqu’ici mises à profit par l’homme ; une autre force qui ne provient pas directement de la source solaire, c’est l’énergie cinétique des marées, jusqu’ici complètement inutile à l’homme. La source la plus riche de force motrice dont l’homme dispose en ce moment est toujours le charbon de terre ; mais les calculs des géologues nous imposent la désolante conclusion que dans deux cents ans nous aurons épuisé la provision de cette énergie disponible. Est-il possible de diminuer la dépense de charbon, d’utiliser plus complètement l’énergie qu’il développe en brûlant ?

La meilleure machine à vapeur, selon Siemens, n’utilise que 1/10 de la force totale ; et, quel que soit le perfectionnement des appareils actuels, il croit qu’on ne pourra jamais utiliser avec eux plus des 99 de l’énergie représentée par la chaleur de la combustion. On a parlé des marées, comme source de force qui pourrait théoriquement être utilisée par l’homme, quand tout le charbon de terre sera consumé, mais pour la masse de 2 787 840 livres d’eau marine (environ 929 280 kilogr.) on n’obtiendrait pas même six chevaux-vapeur, et c’est pourquoi Siemens pense que cette source d’énergie peut à peine être prise en considération. Ne pourrions-nous pas chercher à tirer profit des autres phénomènes naturels, qui sont des transformations continuelles de la force solaire, les mouvements de l’atmosphère, les rivières, les cascades, les torrents, etc. ? La seule cataracte du Niagara développe annuellement une force motrice égalant 16 800 000 chevaux-vapeur, à peu près ce que l’humanité obtient maintenant en deux ans par la combustion de 266 millions de charbon de terre, Siemens croit possible la conquête de forces pareilles : peut-être sera-t-il possible un jour de mouvoir en Europe des machines grâce à la force de cette cascade force transmise à travers l’Océan au moyen de conducteurs spéciaux” Mais le problème dont nous nous occupons admet plus de solutions que nous n’en pourrions aujourd’hui imaginer.

Le Bon, de son côté, croit que l’emploi à venir des forces naturelles peut être ainsi résolu : construire un pendule à mouvement perpétuel ; développer des gaz compressibles (acide carbonique) avec les pierres calcaires ; accumuler par des moyens faciles dans un réservoir que conque une grande quantité de force motrice enlevée aux forces natu-