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mine précieuse pour la physiologie, pour la psychologie et pour la médecine. »

Revue analytique. — Les formes primitives de l’évolution économique, par Cognetti de Martiis. Turin, E. Loescher, 1881. C’est la première tentative qui ait été faite de réunir dans une même étude l’économie des sociétés animales, l’économie des peuples sauvages et barbares, et l’économie politique des antiques civilisations du nouveau monde. L’auteur aborde en. premier lieu la vie économique des animaux ; mais il n’a pas assez nettement fixé les confins de cette province. Il convenait peut-être de présenter une classification des sociétés animales basée sur un critérium économique, qui aurait fait exclure de la science économique des sociétés animales où la cohabitation masque un réel isolement des membres dans les faits relatifs à la recherche de la nourriture, On lui reproche aussi d’avoir tracé une belle esquisse d’économie comparée, sans montrer les lents progrès qui de l’économie animale ont fait l’économie humaine. On suit avec le plus grand intérêt, malgré quelques lacunes importantes, l’étude que l’auteur consacre à l’organisation économique chez les sauvages inférieurs et supérieurs, au point de vue de la division du travail, de la recherche de la nourriture, de la répartition de la richesse et de l’échange. La partie la plus nourrie de cette étude est celle que l’auteur consacre à l’économie sociale dans les civilisations primitives de l’Égypte, de la Chine, de la région de l’Euphrate et du Tigre, des Ariens et des Phéniciens ; le cinquième chapitre du livre V, où il est traité de la civilisation économique des Aztèques, des Mayas et des Incas, est la partie la plus originale du livre. Quelques réserves qu’ait faites le critique, l’œuvre de M. C. de Martiis lui paraît marquer un pas en avant dans l’évolution de la science économique, mais rien qu’un premier pas. — Illusions, étude psychologique par James Sully. Londres, 1881. Il y a des erreurs et des illusions normales et physiologiques, par opposition aux erreurs et aux illusions pathologiques. Les premières sont naturellement les plus nombreuses, les plus difficiles à connaître pour celui qui les observe, et aussi pour celui qui les subit. C’est faire œuvre utile que de mettre en relief leur genèse et d’enseigner les meilleurs moyens de les éviter. Le livre de James Sully nous offre une étude de ce genre. Ayant défini les illusions des erreurs qui simulent une forme de connaissance immédiate, évidente, intuitive, il les classe et étudie suivant la variété des connaissances dont elles sont les simulacres. Il les divise en quatre classes principales : illusions de la perception interne, de la perception externe, de la mémoire, de la croyance. Il en recherche les causes, les rapports avec la vérité, avec la réalité extérieure, et se rencontre ici avec l’explication évolutionniste, qu’il n’adopte qu’en partie. Après une foule de considérations importantes sur Le point de vue philosophique, sur le réalisme, etc., l’auteur traite de la correction des erreurs et établit une importante distinction entre la psychologie scientifique et la psychologie philosophique. Le critique ne signale qu’une